Deux étudiantes pour une métamorphose réussie

La Direction Culture et Initiative de l’Université de Nantes organisait cette année la troisième édition du concours de nouvelles étudiantes sur le thème : Métamorphoses.

28 étudiants ont laissé libre cours à leur imagination pour écrire des nouvelles de 15 000 signes qui ont été décortiquées et savourées par sept juges : professeurs, étudiants et une écrivaine. Sur tous les participants, cinq ont été récompensés le 13 février 2017 au Pôle étudiant lors d’une soirée de remise des prix. Les discours étaient alternés par des interventions du conteur Pierre Desvigne qui a repris des extraits de nouvelles pour les réinterpréter. Expérience envoûtante !

Deux écrivaines en herbe ont terminé premiers ex-æquo: Manon Bocquel pour la nouvelle “Sous l’oeil de la Lune toujours changeante” et Noémie Brunellière avec “Les Tentacules”. Elles ont reçu 200€ de chèque-livre et surtout l’honneur de participer, avec les autres lauréats, à un atelier d’écriture animé par l’écrivaine Laurence Vilaine pour, si elles le souhaitent, éditer leur nouvelle. Nous avons, en exclusivité, interviewé ces deux gagnantes.

De quoi parlent vos nouvelles ?

Manon : Ma nouvelle tourne autour d’un homme, « un peu tout le monde, un peu personne », comme il le dit. Un personnage qui tout le long de sa vie a constamment changé de nom et d’apparence, de caractère même, jusqu’à s’oublier presque totalement. J’ai peur de trop en dévoiler, après… !

Noémie : Le thème qu’on avait cette année était “Métamorphoses”, et j’ai passé beaucoup de temps à y réfléchir avant d’écrire. Il y a tellement de choses qui peuvent être racontées avec ce thème ! Finalement je me suis lancée dans l’histoire d’un enfant prématuré qui se bat pour vivre, et de sa métamorphose. Car l’histoire est écrite de son point de vue, et il se compare à une pieuvre avec des tentacules car il est relié de partout à des machines qui le maintiennent en vie. Je parle donc de sa transformation imagée, de pieuvre à être humain. C’était un sujet qui me tenait très à cœur.

Pourquoi pensez-vous avoir gagné ?

Manon : Alors là, c’est une bonne question. Je ne le sais pas réellement. J’imagine que ce personnage a réussi à toucher les lecteurs, avec son histoire et ses réflexions. Que l’on peut s’attacher à sa personne, et même peut-être s’y reconnaître.

Noémie : Je n’en ai aucune idée ! L’écriture est tellement subjective, les histoires et les mots résonnent différemment chez chacun d’entre nous. Il faudrait demander ça au jury (rires) !

Qu’est-ce qui vous a poussées à participer au concours? Qu’est-ce que vous étudiez?

Manon : J’ai toujours écris, et comme j’avais envie de partager certains de mes récits, j’ai décidé de participer au concours. J’avoue avoir participé également pour savoir s’ils étaient capables de toucher des lecteurs. D’autre part, j’étudie l’archéologie et l’histoire de l’art !

Noémie : J’avais participé au concours de nouvelles des Utopiales au collège et au lycée, et j’avais adoré cette expérience. J’ai dû mettre tout ça entre parenthèse le temps de mes deux années de PACES (première année de Médecine, NDLR). Une fois arrivée en deuxième année j’avais très envie de recommencer. Je m’étais renseignée et c’est là que je suis tombée sur ce concours organisé par mon université donc ça tombait bien ! Je ne pensais pas du tout être lauréate, dans ma tête je n’avais aucune chance face à la plupart de mes concurrents qui font des études se rapprochant de près ou de loin à l’écriture.

Pensez-vous participer au stage et publier vos nouvelles ?

Manon : Je participerai au stage, en effet, pour publier ma nouvelle. C’est une opportunité à ne pas manquer qui s’offre ici, de pouvoir travailler sur ce texte avec l’aide d’un écrivain et de savoir que cette histoire ne restera pas comme un fichier oublié au fond de mon ordinateur, que d’autres pourront la lire.

Noémie : Oui, je vais participer au stage et j’ai vraiment hâte de le faire ! C’est une récompense vraiment géniale et une opportunité énorme, on va apprendre tellement de choses ! Travailler avec l’écrivain et avec les quatre autres lauréats va être génial, j’adore le fait que nous avons tous les cinq des études complètement différentes et des nouvelles complètements différentes aussi. Nous allons justement revoir avec l’écrivain nos nouvelles pour qu’elles puissent ensuite être publiées dans un recueil.

Voulez-vous continuer à écrire plus tard et en faire votre métier ?

Manon : Ah, ce serait mensonge de dire que je n’aimerais pas continuer à écrire et en faire mon métier. Je compte poursuivre dans cette voie-là, mais je n’ai aucune illusion quant à la réalité du métier. Néanmoins je ne baisse pas les bras ! Par ailleurs, j’aimerais continuer dans la recherche en archéologie préhistorique. L’idéal serait de pouvoir faire les deux, en fait. On verra, je ne suis pas encore grande.

Noémie : Je vais continuer à écrire oui, ça c’est sûr ! C’est quelque chose que j’adore faire depuis mes onze ans et dont je ne peux pas me passer. En faire mon métier en revanche, je ne pense pas. Je suis en fac de médecine, et je suis passionnée par mes études, même si je ne sais pas encore dans quelle spécialité médicale j’aimerais travailler car tout me plaît (rires). Mais je rêvais de faire ces études depuis toute petite ! Ce sont donc vraiment mes deux grandes passions, mais je préfère garder l’écriture comme un loisir, une manière de m’évader quand j’en ai besoin. Je ne l’apprécie que mieux.

Une anecdote de jeunesse du style « j’écrivais des histoires de dragons sur du papier canson reliées avec de la laine… » ?

Manon : J’ai énormément de mal à trouver une anecdote ! Je ne sais pas trop… Avant de me mettre à écrire, je vivais les histoires dans la cours de récréation avec mes amis. On incarnait des personnages – souvent prééxistant comme les sœurs de Charmed, ou encore A la croisée des mondes de Pullman. On avait donc nos démons imaginaires et on vivait des péripéties. Ça changeait du “les filles attrapent les gars” ou l’inverse, en vigueur dans la cours !

Noémie : Quand j’étais petite, et comme tous les enfants du monde je pense, j’adorais m’inventer des milliers d’histoires et de personnages. Mais il y a un moment où on grandit forcément, et je me désolais vraiment de devoir grandir car pour moi ça voulait dire faire une croix sur notre imagination. Donc un jour, je me suis mise à écrire ces histoires que j’inventais et je me suis rendue compte que non, l’imagination n’avait pas à disparaître, mais juste à prendre une forme différente car elle grandit finalement en même temps que nous. Donc non, je n’écrivais pas sur du papier canson relié avec de la laine (rires), mais en revanche des histoires de dragons, oui, il s’agit même de la première nouvelle que j’ai écrite !

Êtes-vous plutôt fantasy, policier, classique, autobiographie…?

Manon : Je lis et écris un peu de tout. Mais une large partie de ma bibliothèque tout comme la grande majorité des mes écrits se rangent dans la catégorie fantasy. Ces mondes imaginaires permettent un dépaysement assuré, sans interdire de traiter des problématiques et de faire des parallèles avec le monde actuel.

Noémie : J’aime beaucoup la fantasy, ce côté imaginaire total me plaît mais j’avoue ne m’être jamais trop lancée à en écrire. J’ai plutôt un gros gros faible pour la science-fiction, plus particulièrement le genre dystopique, du style Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, car je trouve que c’est un genre privilégié pour réfléchir et faire réfléchir sur l’Humanité en général, et ce qu’être humain veut dire. Sinon je lis vraiment de tout, il y a juste le genre policier auquel je n’accroche pas du tout.

Un livre sur ta tablette ou ta table de chevet en ce moment ?

Manon : La couronne des sept royaumes, de David B. Coe. De la fantasy, pour changer !

Noémie : J’ai un syndrome assez bizarre je l’avoue, c’est que j’ai toujours au moins deux livres sur ma table de chevet (rires). J’adore jongler en fonction de mes envies et de mes humeurs, même si du coup je mets plus de temps à finir un livre. Donc en ce moment j’ai Tobie Lolness de Timothée de Fombelle, que j’avais lu étant plus jeune. J‘ai voulu le relire car je trouve ce livre magnifique et poétique. J’ai aussi les Rois-Dragons, de Stephen Deas, un monstre de fantasy que j’adore, et Le dernier jour d’un condamné, de Victor Hugo, qui fait sûrement partie de mes auteurs préférés.

Propos recueillis par Alice Poirier / Étudiante / Atelier Expression et médias

Alice POIRIER

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