Une déferlante de plus de 3000 spams et un problème informatique d’accès au tableau de bord m’ont empêché de communiquer sur ce blog pendant plusieurs jours. J’enrageais, impatient de pouvoir exprimer ici aussi ma douleur, ma résolution et ma fierté d’appartenir à ce peuple qui ne cessera jamais de surprendre les autres et de se surprendre lui-même.
Inutile de chercher à rattraper le retard. Je reprends le courant des événements là où il en est en vous livrant cette réflexion de « prof ».
Voici 3 affirmations qui ont acquis une force d’évidence ces derniers jours :
1 – Les dessinateurs de presse sont des journalistes comme les autres.
2 – La liberté d’expression est la base de la démocratie.
3 – Le principe de cette liberté d’expression est résumé dans la phrase suivante, faussement attribuée à Voltaire : « je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire. »
Tout prof de communication sait que ces points sont difficiles à exposer, du moins quand on fait l’effort de les argumenter. On recueille au mieux un silence poli et teinté d’un léger ennui.
Et tout d’un coup, des millions de personnes les répètent à l’unisson, comme si elles avaient suivi un apprentissage accéléré. La preuve que tout mouvement populaire est un fantastique instrument de pédagogie. Il faut dire que la démonstration a été écrite avec le sang de tous ceux qui sont morts la semaine dernière.
La preuve aussi que ces affirmations ne sont pas des vérités scientifiques qu’il suffirait d’enseigner, mais des vérités de combat, comme une flamme ou un flambeau à transmettre. Les vérités de combat n’acquièrent une évidence que dans les périodes de combat, et non pas dans celles où règne la torpeur d’une modernité faite de soirées télé ou Youtube, de portables « t’es où là ? », de consommation, de tourisme passif, une modernité qui réduit à zéro la capacité d’« expérience » (Giorgio Agamben) et nous transforme en zombies.
Ces journées, ces manifs, ces minutes de silence, ces discussions en famille, à l’école ou au café, et même les heures passées devant la télé : voilà une fulgurante expérience collective, intense et formatrice. Les enfants étaient nombreux dans les manifs. Souhaitons qu’ils en conserveront la marque, lorsqu’ils auront à affronter des situations encore plus dures que les nôtres !