A propos Gérard Cornu

Je suis ce monsieur qui parle sur la photo, et qui en a fait un métier bien improbable, de parler, alors que rien, mais vraiment rien, ne l’y prédisposait. Je le fais le mieux possible, ce métier, simplement car je ne supporterais pas d’être un mauvais prof. Je me suis posé à Nantes il y a 27 ans, juste au moment où cette « belle endormie » se réveillait. J’ai quelques passions : la musique, les langues, l’herméneutique. Outre les techniques et l’histoire du journalisme, j’enseigne l’analyse filmique (cinéma espagnol et latinoaméricain), et j’ai en charge la communication de la Faculté des langues. J’aime écrire plus que parler, et j’aime aussi « faire écrire ». C’est en grande partie l’objet de ce blog. Amener des étudiants pas vraiment littéraires à pratiquer ce genre simple et populaire qu’est le reportage, à mettre en mots des rencontres, à s’imposer un fil conducteur, et à donner le meilleur d’eux-mêmes.

Making sense of news, un MOOC chinois sur EdX

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Making sense of news, un MOOC chinois sur EdX

Un MOOC sur le thème « Making sense of news » vient de démarrer sur EdX, plateforme américaine. Il est conçu par une équipe de la Hong Kong University. Vous pouvez y accéder en cliquant ici. La problématique est intéressante et le syllabus annonce des parties qui traiteront des angles, des sources, de la vérité et de la « fairness », de l’éthique. Tout cela dans un contexte anglo-saxon / asiatique qui ne peut que susciter l’intérêt.

Comme je l’ai fait l’automne dernier pour le MOOC de l’université de Glasgow (mais en espérant avoir des raisons d’être moins sévère cette fois-ci !), je me propose d’en faire une analyse critique après en avoir suivi le déroulement pendant les 6 prochaines semaines. Nous pouvons même faire mieux : ce serait d’en débattre ensemble en utilisant la fonction « commentaires » proposée sur ce blog.

hard news / soft news

Je crois qu’il faudrait s’autoriser un discours beaucoup plus critique face à l’information dans les médias. Certains reportages méritent vraiment des éloges, comme celui sur lequel je suis tombé ce midi avec des journalistes en « immersion » (c’est le cas de le dire…) sur un bateau de migrants entre la Tunisie et Lampedusa. Quelles sont les qualités d’un tel reportage, approfondissement, qualité du contact, cohérence de l’angle, clarté du propos, rythme, travail du commentaire par rapport aux images : tout cela mériterait d’être détaillé, afin d’être mieux capable de prendre exemple sur ce que la télévision sait produire de meilleur. Continuer la lecture

Liens (dans les divers sens du terme…)

Je devrais peut-être vous proposer plus régulièrement des liens vers des articles trouvés au jour le jour, à droite ou à gauche, en rapport avec les thèmes de ce blog. Lorsque je n’ai pas le temps d’écrire moi-même autant que je le souhaiterais, ce serait une manière de compenser. Pour bien faire, il faudrait que je vous les commente un minimum.

Pour aujourd’hui, deux articles, mais sur lesquels je n’ai pas grand chose à ajouter…

https://fr.news.yahoo.com/blogs/ravanello/bachar-el-assad-l-interview-du-criminel-ne-paie-pas-134224325.html

http://lucien-pons.over-blog.com/2015/04/apres-charlie-le-risque-d-un-maccarthysme-democratique-20-avril-2015-par-regis-debray.html

Sinon, une réflexion. D’ici deux ou trois ans, je serai à la retraite. Une retraite active, certes, mais une page se tournera sur 30 années et quelques d’enseignement. Je suis fortement tenté de créer une page facebook destinée en priorité aux jeunes profs en tech ou sciences de la com en début de carrière (ATER, MC fraîchement nommés, intervenants divers…) Sur cette page, je fournirais plus ou moins ce qu’on appelle dans le secondaire des « séquences » : textes ou vidéos à utiliser, trames de discussion, concepts, exercices… J’ai des tonnes d’idées, certaines déjà mises en pratique dans mes cours, d’autres encore « virtuelles ». Il y aurait bien sûr des espaces de débat. Mon but n’est pas seulement de rendre service, en souvenir de ces cours en amphi à 8 heures du matin lorsque j’avais 30 ans, que j’avais passé la nuit à finir de préparer, et où l’adrénaline était mon improbable carburant. Je crois plutôt que l’on risque de céder à des facilités quand on manque de temps, ou quand on ne sait pas comment s’y prendre. Et que beaucoup de théories périmées, ou (si vous me permettez…) d’exposés soporifiques ont encore cours dans nos enseignements alors que l’on pourrait faire beaucoup mieux et beaucoup plus vivant et intéressant. Cela dans l’intérêt de tous : celui des étudiants en premier lieu, qui ne sont tout de même pas condamnés à l’ennui dès lors qu’ils s’inscrivent en fac ; et celui des enseignants qui galèrent entre opportunisme (le cours qui marche bien) et une certaine forme de militantisme (ce qu’il faudrait « leur » faire passer comme message, comme outils, comme principes). Nous savons tous que la formation à la pédagogie dans le supérieur est une belle idée, très belle et très idéelle.

Je peux simplement vous dire qu’au bout de 30 ans, on finit par (ou on commence à) avoir quelques idées sur la question. Je pourrais démarrer en juillet, par exemple, en vue de la rentrée prochaine. Ma question est la suivante : y a-t-il des personnes intéressées, dans cette vaste blogosphère ?

Whahh !! (petite leçon d’interculturalité)

Chaque fois que je dis ou que j’entends dire « whahh !! », comme dans mon post précédent, j’ai à l’esprit cette petite expérience vécue aux Etats-Unis il y a une vingtaine d’année. J’étais parti pour 3 semaines à la University of North Florida, à Jacksonville, pour mener un projet de recherche. Continuer la lecture

Des reportages encore dans les limbes…

Ce matin, deux étudiants me parlent de leur projet de reportage sur une troupe de théâtre d’improvisation. Nous discutons sur le choix de l’angle. Je leur demande quel âge ont les membres de cette troupe, s’ils travaillent, s’ils sont étudiants. Le garçon me dit qu’ils ont envisagé d’axer le reportage sur leurs motivations, mais que cela lui paraît insuffisant. J’approuve. Il faut affiner, prendre encore 2 ou 3 semaines avant de se lancer dans l’enquête de terrain et les interviews.

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Charlie, des vérités de combat

je suis charlie

Une déferlante de plus de 3000 spams et un problème informatique d’accès au tableau de bord m’ont empêché de communiquer sur ce blog pendant plusieurs jours. J’enrageais, impatient de pouvoir exprimer ici aussi ma douleur, ma résolution et ma fierté d’appartenir à ce peuple qui ne cessera jamais de surprendre les autres et de se surprendre lui-même.

Inutile de chercher à rattraper le retard. Je reprends le courant des événements là où il en est en vous livrant cette réflexion de « prof ».

Voici 3 affirmations qui ont acquis une force d’évidence ces derniers jours :

1 – Les dessinateurs de presse sont des journalistes comme les autres.

2 – La liberté d’expression est la base de la démocratie.

3 – Le principe de cette liberté d’expression est résumé dans la phrase suivante, faussement attribuée à Voltaire : « je déteste ce que vous écrivez, mais je donnerai ma vie pour que vous puissiez continuer à écrire. »

Tout prof de communication sait que ces points sont difficiles à exposer, du moins quand on fait l’effort de les argumenter. On recueille au mieux un silence poli et teinté d’un léger ennui.

Et tout d’un coup, des millions de personnes les répètent à l’unisson, comme si elles avaient suivi un apprentissage accéléré. La preuve que tout mouvement populaire est un fantastique instrument de pédagogie. Il faut dire que la démonstration a été écrite avec le sang de tous ceux qui sont morts la semaine dernière.

La preuve aussi que ces affirmations ne sont pas des vérités scientifiques qu’il suffirait d’enseigner, mais des vérités de combat, comme une flamme ou un flambeau à transmettre. Les vérités de combat n’acquièrent une évidence que dans les périodes de combat, et non pas dans celles où règne la torpeur d’une modernité faite de soirées télé ou Youtube, de portables « t’es où là ? », de consommation, de tourisme passif, une modernité qui réduit à zéro la capacité d’« expérience » (Giorgio Agamben) et nous transforme en zombies.

Ces journées, ces manifs, ces minutes de silence, ces discussions en famille, à l’école ou au café, et même les heures passées devant la télé : voilà une fulgurante expérience collective, intense et formatrice. Les enfants étaient nombreux dans les manifs. Souhaitons qu’ils en conserveront la marque, lorsqu’ils auront à affronter des situations encore plus dures que les nôtres !

BACK TO SOCRATES

Lucile Conan, Bénédicte Thomère, Ana Yanguas de Benito, Les coulisses du journalisme, juin 2012

Les coulisses du journalisme

Quelles sont les qualités personnelles indispensables pour réussir dans le journalisme ? Voilà une question large à souhait, au point que je me demande pourquoi je n’ai pas demandé à ces 3 étudiantes, il y a 2 ans, de resserrer un peu plus le périmètre de leur sujet… Continuer la lecture