Et si on discutait de la discutabilité ?

Le 12 juillet 2016 : presque un an après la publication de ce post, l’une des étudiantes auteures du reportage commenté ici me demande de retirer ce texte afin que son nom et les références à un membre de sa famille n’apparaissent plus. Je devrais refuser.

Refuser, car l’université défend la même liberté d’expression que la presse, me semble-t-il, c’est l’une de ses valeurs cardinales. Et parce que réaliser un reportage dans le cadre d’une année d’études, c’est apprendre à exercer sa curiosité, son sens de l’écoute et sa liberté dans le choix d’un angle et d’un registre d’écriture. Pas à réclamer sous de très mauvais prétextes le retrait de textes et de la réflexion qui va avec.

Mais je crois au respect autant qu’à la liberté. J’ai décidé de retirer 7 lignes du texte ci-dessous, ainsi que le reportage et les noms des trois étudiantes qui l’ont réalisé. En dehors de cela, je maintiens la totalité de mon texte qui reste, je crois, largement lisible et compréhensible en l’absence du reportage. Supprimer ce texte aurait été un peu vexant, car il me semble particulièrement emblématique du type de réflexion mené dans ce blog sur le reportage et sur sa pédagogie, et de la fonction d’approfondissement liée au choix d’un angle.

J’ajouterai que certains étudiants jugent parfois leurs profs avec une sévérité que, par chance pour eux, nous n’avons pas à leur égard. Et que demander à un enseignant-chercheur de retirer un texte relevant à la fois de la pédagogie et de la recherche, c’est lui crever doublement le coeur… Continuer la lecture

La notion d’angle journalistique : Gilles Deleuze, Akira Kurosawa

Depuis 50 ans environ, le principe de l’information journalistique a changé. Le but n’est plus d’épuiser les données de l’événement afin d’en donner une vision « objective ». Objective comme l’étaient la physique, la chimie ou la médecine au 19e siècle, c’est-à-dire que l’observation tentait de se rendre indépendante de l’observateur (et de sa subjectivité). Le même résultat devait être obtenu quel que soit l’observateur. C’est en grande partie ce qu’on appelle le positivisme. Continuer la lecture