The Devils, Les Caméléons, The Little Rabits, Blisters, Les Rapaces, Les Sunsets, Flamingos, Dolly&Co, Les Robots, ou encore Les Sparks : ces noms vous parlent ? Que la réponse soit oui ou non, enfilez votre blue-jeans et votre blouson de cuir pour une petite virée à « Rock !, une histoire nantaise ». Si vous vous passionnez un minimum pour la musique, l’exposition présentée par le Château des Ducs de Bretagne vous emportera !
Débutée en février, l’exposition « Rock !, une histoire nantaise » connaît déjà un franc succès auprès des touristes de passage, mais aussi des Nantais (elle comptabilise déjà plus de 76 000 visiteurs à ce jour). Vous avez sûrement déjà dû entendre des amis ou de la famille en parler, évoquer ses drôles de gobelets ou son incroyable richesse. Avec l’installation de l’Hiver, il est peut-être temps d’aller vous aussi y faire votre tour, non ?
First things first : décrocher le Graal à l’accueil
Avant même d’avoir commencé, l’exposition « Rock ! » nous bouscule. Dès l’accueil, on se voit remis par le personnel du Château un mystérieux gobelet noir, censé venir révéler un trésor insoupçonné de l’exposition. Sans trop cerner son potentiel, on s’en saisit, puis on poursuit le chemin balisé vers la salle d’exposition : on traverse le hall (attention aux éventuels Vikings égarés durant la précédente exposition !), puis on monte au deuxième étage pour enfin pénétrer dans cette excitante page de l’histoire nantaise.
Quatre grandes flight cases noires de transport d’instruments ornées chacune d’une lettre verte le confirment : l’expo « Rock ! », ça commence ici ! Photographié en noir et blanc, le Quai de la Fosse s’affiche en arrière-plan. Il se fond ensuite en un mur d’affiches de concerts de groupes divers et variés et d’époques toutes aussi éclectiques, formant un gigantesque patchwork coloré. Dès l’entrée on sent qu’à Nantes, on ne badine pas avec le bon son !
Tremble gobelet !
Nous voici un peu dans la Caverne d’Ali-Baba du Rock nantais. Entre les instruments, les objets musicaux d’époque, les reconstitutions d’ambiances, les innombrables vinyles et surtout la possibilité d’écouter des extraits musicaux grâce à notre gobelet (la voilà enfin son utilité magique !), le temps passe vite, très vite même. Impossible de s’attarder sur tout tellement l’exposition est riche en références. Ici on peut se permettre d’être brouillon, d’aller vagabonder d’un côté puis de l’autre, de picorer un son ici puis là.
Si on veut en savoir plus sur un artiste ou sur un groupe, des cartels concis sont là pour nous renseigner. Cette exposition est en fait et surtout une invitation à se (re)plonger dans cette période allant de 1960 à nos jours, mais aussi à la poursuivre au-delà des murs du Château. C’est un aide-mémoire, ou comme une base de données de possibles découvertes. Il ne faut pas hésiter à prendre un petit calepin pour noter quelques groupes à réécouter ensuite (ou dégainer Shazam, si on fait partie de la tribu des branchés).
120 sons qui secouent
Au fil de l’expo, ce sont plus de 120 titres disponibles à l’écoute. La boutique du disquaire scénographiquement reproduite est donc bien complétée par son pendant sonore. Ces titres se découvrent avec les fameux gobelets. Il suffit d’apposer leur postérieur sur de petites surfaces vibrantes, pour les voir se métamorphoser en amplificateurs du son dégagé par le procédé. Il faut prendre un petit coup de main, mais l’astuce se retrouve être plutôt ludique et amusante.
Un rockeur qui a du cœur
Laurent Charliot, dit « Lolo » est le commissaire un peu particulier de cette exposition. Passé par les Beaux-Arts, puis par une carrière dans les arts graphiques, il était aussi dans les années 80 membre d’un groupe de new wave, Iena Vox. Il fait aujourd’hui partie de l’organisation des Rockeurs ont du cœur, festival solidaire se tenant chaque année à Stereolux.
Il a fourni à l’exposition un regard personnel, singulier, mais aussi incroyablement documenté et précieux de par son angle de témoin/acteur.
Comme il a pu le raconter sur France Inter, 1961 marque un véritable tournant : c’est le début du rock à Nantes, qui débarque de manière quasi « artisanale », sur des guitares sèches et des postes de radio en guise d’amplis. Au début, les groupes portaient surtout des noms français, comme Les Rapaces (1er groupe de rock à entrer en 1962 aux très selects Salons Mauduit, lieu de rassemblement de toute la bourgeoisie nantaise, plutôt habituée aux concours d’accordéons) ou Tequila qui, dans les années 1970, se produisait au Globe, une salle aujourd’hui disparue qui était située proche du campus de l’Université. Le Floride (lui toujours existant) connaît aussi son heure de gloire à la fin des 70’s : c’est the place to be pour aller écouter les derniers talents du moment.
« Il ne se passe pas une année sans qu’une nouvelle pépite nantaise apparaisse. »
Le « vivier énorme » de talents qui se constitue alors à Nantes vient ainsi bousculer un peu « la Belle Endormie » à partir des années 90. Aujourd’hui, fait remarquer Laurent Charliot, « il ne se passe pas une année sans qu’une nouvelle pépite nantaise apparaisse ». On a forcément en tête les descendants de toute cette génération, avec entres autres Christine and the Queens, C2C ou encore Elephanz ; mais on pourrait tout aussi bien parler, plus en amont, des novateurs Elmer Food Beat et de leur « Daniela » sorti en 1990. Au fil de ces années, c’est ainsi une véritable success story nantaise qui se développe. D’abord reconnus sur la scène locale, ses artistes se répandent ensuite très rapidement au niveau national.
Il vous reste encore près d’un an pour découvrir l’expo, qui se termine en novembre 2019. Et pas d’excuse pour ne pas y aller : pas d’aqua-poney qui tienne, ni de « pas de sous » car, comme pour tous les musées nantais, l’entrée au Château est gratuite le premier dimanche de chaque mois. De quoi permettre à tous de taper sérieusement du pied !
Fabien Bost
➡ Pour se mettre dans l’ambiance ou s’y replonger, divaguez dans les playlists concoctées spécialement pour l’exposition.
Vous pouvez aussi avoir une première immersion dans cette histoire passionnate grâce à l’émission « La Marche de l’Histoire » de France Inter.
➡ Infos pratiques
http://www.chateaunantes.fr/fr/evenement/rock
À noter que le « Pass château » peut se révéler intéressant, si on veut venir et revenir à sa guise à l’exposition.