La question que j’ai posée à J. à plusieurs sens. De quoi rêve-t-on dans la vie ? Quelles pistes pour notre futur ? Quelles utopies ?
C’est une question plutôt angoissante je trouve.
Mais quand on parle de rêve, il y a aussi nos songes, la nuit. Ils sont en résonance avec notre vie, avec ce qui s’y passe.
Nos songes.
Alors « Est-ce que tu rêves ? », J. l’a pris au pied de la lettre. Oui elle rêve, mais pas souvent. D’ailleurs, dernièrement elle a fait des rêves vraiment bizarres ! C’était au début de l’année, avant les vacances scolaires, durant son stage. Elle était en stage de master 1 à Paris. Elle était vraiment très fatiguée, épuisée. C’était vraiment un stage intense. Sur les quatre jours de stage dans la semaine c’est 35h de photoshop pour son stage, plus 2h de dessin par jour. Mais les deux jours restants, pas de repos, c’est 8h minimum de peinture pour des projets perso, sans compter les choses du quotidien, les paperasses administratives …
Dans cette situation de stress, elle a commencé à faire des rêves bizarres, et surtout hyper sensoriels.
Par exemple ce rêve ou elle cherchait à s’échapper d’une maison. Dans le jardin, la seule échappatoire passe par un bout de terrain boueux, glissant, comme ces pistes de glissade en plastique pour les enfants. Elle court vers ce terrain et remarque que des tulipes y sont plantées. « Pas les tulipes piment ! » entent elle crier. Des tulipes piment ? Hein ? Et bien du coup ça pique les tulipes piment, ça pique partout, et elle le sent physiquement. Soudain attaquée, elle se réveille les yeux piquants, brulants, irrités. Vraiment des rêves ultra sensoriels.
Alors on parle de nos rêves.
Moi je ne me souviens jamais de mes rêves. Sauf de rares cauchemars, quand ça me réveille la nuit. Je lui en raconte à mon tour. J. aussi elle se souvient surtout des cauchemars. Sauf un rêve vraiment beau, et très sensoriel là aussi. C’était durant la même période.
Cette fois-ci c’était un rêve d’une beauté qui l’a marquée. C’était un bord de mer, du genre Mont Saint Michel, magnifique. Et au cœur du paysage, une structure ancienne, le genre de structure mystérieuse dont on ne sait pas quels hommes, quelle civilisation a pu la construire. C’est une structure à la fois belle et étrange, une sorte de montagne de pierre, mais formée d’espèce de calebasses géantes imbriquées les unes dans les autres. Tout ça flotte dans les airs, prenant l’aspect de tentacules bougeant, flottant. Les calebasses en flottant se frottent les unes aux autres en produisant un bruit sourd. Comme un bruit de vagues répétitif. Comme le bruit de lourdes portes en pierre s’ouvrant sur le mystère dans un film de momies.
Dis, tu peux essayer de me dessiner ça ? Oui. Moi aussi j’essayerai de te dessiner mes rêves.
Comment nos rêves nous parlent.
Ces rêves inconscients, se font l’écho de notre état. De notre état physique, de notre état mental ou moral. J. a une passion, la peinture. Et cette passion l’a amenée à repousser ses limites, jusqu’à épuisement pendant ce stage. Et encore aujourd’hui lorsqu’elle participe à des stages intensifs de peinture. Mais ça lui fait un bien fou et ça se voit. C’est un but, c’est une envie, c’est un désir, c’est une bataille, c’est de la frustration parfois. Mais c’est toujours pour faire mieux. Et être content de soit. Avoir compris quelque chose. Chercher à achever quelque chose.
J., en quoi tes rêves peuvent-ils être le miroir de cet état d’esprit ? De ton état du moment ? De tes tensions ? De tes plaisirs ?
Je ne verse pas dans la psychologie. Ni dans l’analyse des rêves ou de l’inconscient. Je trouve tes rêves beaux, surprenants. Et je me pose des tas de questions.
Louise, étudiante, membre des Veilleurs, dans le cadre de la Résidence Le Parlement des Invisibles, par la Cie La Réciproque.
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> Lire aussi : Et toi Louise, tu me racontes un de tes rêves ?, propos recueillis par J. , dessin de Louise.