Festival Pride’N’art : la culture queer à l’honneur au Pôle étudiant

Le festival Pride’N’art était au Pôle étudiant mercredi 23 octobre 2019, une soirée co-organisée par l’association étudiante l’ALUN.

Au rez-de-chaussée du Pôle étudiant se tenait une exposition de la photographe Madeleine Roy. Elle a réalisé sur plusieurs mois des portraits des artistes Queers de la scène nantaise. J’ai ainsi pris le cadeau fait par ces artistes. Elles ont partagé leurs regards décalés, plein d’humour et de flamboyance sur leurs identités multiples.

Que désigne le terme “Queer” ?

Ce terme était, à l’origine, une insulte pouvant être traduite par “bizarre”, “anormal-e” pour désigner les personnes LGBTQ+. Le mouvement LGBTQ+ post-punk des années 1980/1990 a repris et revendiqué ce terme pour en retourner le stigmate. Ce mot a fédéré à travers une démarche politique radicale qui veut renverser les codes du genre.

Exposition de Madeleine Roy – Hall du Pôle étudiant, octobre 2019

Une conférence sur le vêtement et le genre se tenait également ce même jour dans le même lieu. J’ai assisté en partie à la conférence.

“Aujourd’hui, tu t’habilles comme tu veux. T’as pas l’choix” .

Ces phrases étaient inscrites sur grand écran et accueillaient les participant-e-s qui entraient dans cette salle obscure du rez-de-chaussée au Pôle étudiant. Le ton était donné. Malgré le bruit envahissant de la salle attenante, une cinquantaine de personnes avait pris place. La salle était pleine.

Cette conférence a été animée par Marilyn Monoï, membre de l’association LGBTQ+ Nosig à Nantes. Très élégamment vêtue, elle a partagé avec nous ses connaissances sur l’évolution de la perception du genre à travers le vêtement. Les femmes étaient assignées à un rôle. Les vêtements, à travers les codes vestimentaires, devaient rendre compte de la division sociale des sexes et des genres. Les gens savaient ce qui leur était autorisé ou interdit de porter selon cette division. Par exemple, avant le début du XXe siècle, il était interdit aux femmes de porter les pantalons des hommes.

Les changements survenus sont passés par la revendication et la lutte. Cependant, si les femmes ont réussi à récupérer les pantalons des hommes, il en va autrement pour les hommes qui auraient voulu porter les robes féminines des femmes. Marilyn Monoî est revenue sur les tentatives d’uniformiser l’habillement des femmes et des hommes à travers le concept d’unisexe. Elle a noté que l’uniformisation se fait toujours par le sexe masculin et jamais par le sexe féminin. Ses propos ont été illustrés par des photographies de la campagne de la société de prêt-à-porter Zara en mars 2016. Les couples hétérosexuels étaient habillés d’un basique jean/t-shirt blanc et baskets : des tenues “passent-partout”, sans relief.

Depuis quelques années, des créateurs de mode se sont emparés de “l’unisexe” terme remplacé par “ungendered” ou dégenré. Ce dernier terme traduit davantage les identités multiples et dynamiques sans enfermer dans l’uniformisation un sexe par l’autre ou un genre par l’autre. Ce sont des vêtements dans le concept de “l’armoire commune”. C’est-à-dire que les hommes et les femmes pourraient partager le même vestiaire car ces vêtements sont aussi bien masculins que féminins. L’industrie du luxe et du prêt-à-porter cherchent à s’adapter à cette tendance qui représente un marché non négligeable. Tous les ans, la haute couture choisit une couleur selon la saison. Celle-ci s’impose alors à toute l’industrie du textile voire au-delà. Par exemple, le rose a été la couleur à la mode il y a de cela quelques années. Mais ce rose était indéfinissable : ni fuschia, ni bonbon, bref difficile à situer dans un nuancier de couleurs. Ce rose (vieux ou poudré ?) avait été décliné non seulement dans l’habillement, mais aussi sur tous les supports (téléphones, ameublement, accessoires…). Il fallait être rose, mais pas trop pour ne pas tomber dans une image féminine du rose. Il fallait que le rose s’adressât au plus grand nombre.

Donc, “aujourd’hui tu t’habilles comme tu veux”, parce que les normes sociales et morales liées aux vêtements se sont relâchées. Mais “t’as pas l’choix” en suivant le diktat de la mode.

Marilyn Monoï a conclu la conférence avec un clip de Missy Elliot, artiste engagée qu’elle affectionne tout particulièrement : Missy Elliot “Throw it back” https://www.youtube.com/watch?v=9rOKdATrV4g

Marilyn Monoï nous a donné une référence sociologique pour aller plus loin dans la réflexion : Coline Lett, thèse consultable sur internet.

Florence TONO

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