Rencontre avec Rezinsky : une interview à 180°

Le 20 octobre de 19h à 2h, la radio Prun‘ investissait le Pôle étudiant pour la rentrée universitaire et proposait une soirée intitulée 180°, mêlant DJ sets et concerts (Pavane, Blutch, Chyneski et les DJ sets de Prun’).  Parmi eux Rezinsky, groupe de hip-hop formé par le beatmaker (monomaniaque du sample parfait) Rezo et le rappeur (lunaire) Pepso Stavinsky ! Nous avons eu la chance de les rencontrer juste avant leur montée sur scène.

Comment se passe le travail de création?
Rezo : “Le premier album n’a pas été composé comme le deuxième. En général, 9 fois sur 10, ça part d’une compo que j’envoie à Pepso, sur laquelle il écrit. Après on se retrouve tous les deux dessus et on modèle le tout ensemble.”
Pepso : “Pour le deuxième disque, il y a beaucoup plus de maquettes, de pré-production. On a aussi changé des instrus quand on trouvait qu’un texte n’allait pas dessus. Maintenant, on a tendance à rééditer ensemble.”

Rezinsky1

Vous définissez votre musique comme un rap d’aujourd’hui avec des influences d’hier…
Pepso : “C’est une phrase qu’on utilise mais elle n’est pas de nous.”
Rezo : “On ne s’est jamais imposé de codes, on s’est jamais dit on va aller vers tel style, on va faire tel genre, tiens j’ai envie de faire un son des 90’s… On fait juste ce qui nous plaît et après ce sont les gens qui ont besoin de mettre une étiquette. Si demain on a envie de sortir un gros morceau de trap, on le fera et on s’arrêtera pas parce qu’on a envie de nous coller une étiquette. Justement, ça nous donne envie de sortir des chemins et des pavés, de partir sur autre chose.”

 

Plutôt Léo Ferré ou trap?
Rezo : “Plutôt Léo Ferré sur de la trap. Ça serait pas mal, un bon refrain bien placé, ça peut être bien.”
Quels sont vos derniers coups de cœur musicaux?
Rezo : “L’album de De la Soul m’a vraiment surpris.”
Pepso : “Moi c’est Isaiah Rashad en rap, son dernier album… Faut aller écouter, c’est le truc qui m’éclate le plus [approbation de Rezo, NDLR]. C’est pas mal pour le côté intemporel, il a des samples de soul, mixés très à l’ancienne, sur des rythmiques plus trap, il fait un peu de tout, même au niveau du chant, il a son identité très hybride.”

 

Avec quel rappeur aimeriez-vous faire un featuring?
Rezo :Ichon. J’aime bien les mecs qui n’ont pas de codes, qui font simplement ce qu’ils veulent et à qui on a énormément de mal à coller une étiquette. Ça leur permet d’avoir une liberté de création sans limites. Et puis en plus, il écrit sacrément bien ! ”
Pepso : “Au delà de dire un nom, on aime bien les bons rappeurs. Aujourd’hui en France, tout le monde sait rapper mais ce qui nous intéresse le plus, ce sont les identités, les univers. Nous, on n’a jamais fait de concessions : new school, old school, un texte poétique fragile, un texte super trash, on peut tout faire [regards complices, NDLR]. Aujourd’hui le rap c’est super hybride. Tu te lèves le matin t’as une humeur, tu te couches le soir t’as une autre humeur, c’est ça ce qui m’intéresse, ce qui forme ta personnalité. Je suis amoureux du rap et j’ai envie d’apprendre toutes les techniques rap, le groove, le flow, l’écriture… Mais j’ai aussi envie d’apprendre pour moi et d’insuffler ma personnalité dans ce flow, dans cette technique.”

Ce soir, que ressentez-vous à l’idée de participer à une soirée gratuite destinée aux étudiants avec un public jeune ?
Rezo : “On a fait beaucoup plus jeunes que des étudiants. On a fait la première partie de Big Flo et Oli [rires, NDLR]. Comme toutes les dates, on ressent une excitation mais une excitation supplémentaire parce que là on reprend vraiment la tournée d’automne. On n’est pas monté sur scène depuis cet été. C’est la première date où on se remet dans le bain avant de partir pour une petite session d’automne bien cool. On a un morceau qu’on n’avait jamais fait sur scène et que personne ne connaît pour l’instant, du coup on a hâte de le faire…!”
Pepso : “On est d’accord.”

 

Le public idéal en trois mots?
Pepso : “Fêtard, amoureux… J’en ai que deux.”
Rezo : “Femmes.”
Quelle est la chanson que vous préférez faire en concert?
Rezo (pensif) : “J’adore faire Caligula.”
Pepso : “Ouais j’aime bien faire Caligula aussi. Caligula? Caligula! C’est un peu le morceau où tout est permis. J’aime bien faire Jolie môme aussi.”
Rezo : “Moi je m’emmerde sur Jolie môme.”
Pepso : “Ouais… Caligula je pense que c’est là où il y a toute la force de Rezinsky qui s’exprime. C’est notre dernier morceau d’ailleurs.”


Les projets pour la suite?
Rezo : “On est en train de développer un univers pour le prochain album, on est hyperactif. On veut vraiment poser les bases et mettre le temps nécessaire, se faire plaisir, lâcher des conneries, des morceaux assez impulsifs, trap, tout ça… Pour ensuite lâcher un truc qu’on aura bien mûri pendant un bout de temps.”
Pepso : “Après ce sera notre premier album, du coup le challenge, c’est vraiment de donner notre pâte et de se dire “c’est du Rezinsky”.”
Rezo : “A l’heure actuelle je suis en train de regrouper des sonorités précises de périodes précises pour avoir une base de travail assez massive sur le sampling. On pourra ensuite aller s’enfermer et travailler le temps qu’il faudra. J’ai déjà pas mal bossé cet été et… [à Pepso, NDLR] Toi tu fais rien pendant ce temps !”
Pepso: “J’écris plein de textes, t’es gentil… Mais j’ai besoin de ta musique pour enregistrer…”

 

Quels sont vos prochains concerts ?
Rezo : “On enchaîne pas mal de dates très différentes les unes des autres, on peut se retrouver avec la nouvelle école comme on peut se retrouver aussi avec des groupes un peu plus à l’ancienne.
Pepso : “Ce qui est marrant pour un groupe en développement comme nous qui est assez challenger, c’est qu’on a fait des premières parties de plusieurs groupes différents. On côtoie plein de publ”ics, on a joué devant des jeunes de 14 ans, comme on a joué devant des publics plus électro, plus rock, dans un festival reggae…”
Rezo : “On n’imagine jamais le public avant d’arriver sur scène, donc on se donne toujours à 200%.”
Pepso : “Aux Francofolies il y a même une femme de 60-65 ans qui est venue me voir en me disant “j’aime bien vos textes”.”
Rezo : “T’as toujours attiré les mamies toi !”
Pepso : C’est la blague du jour… La private joke. [rires et regards complices, NDLR]

 

Propos recueillis par Emily Cruz Barthelemy, Emma Dalla Santa, Roxane Delage et Léa De Kergert, étudiantes de l’Université de Nantes / Atelier Expression et médias

Emily CRUZ

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