La Cité des Congrès accueillait l’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL) qui interprétait l’œuvre de Gustav Holst « Les planètes ». Un beau moment de musique classique pour le plus grand plaisir d’un public jeune venu en nombre, attiré par le prix attractif des places.
Le mardi 21 novembre au soir, une foule de personnes se masse devant la Cité des Congrès, plutôt jeune et étudiante, on ne soupçonnerait pas que tout ce monde-là vient pour voir un concert de musique classique. En effet les études statistiques¹ sont claires sur la fréquentation de ces concerts, la part de la population allant à ce genre d’événement est stable depuis 1981 (une personne sur trois a assisté à un concert de musique classique au cours de sa vie, une sur dix au cours de la dernière année). Mais ce public ne change pas et vieillit, l’âge médian était de 36 ans en 1981 quand il est de 63 ans aujourd’hui (enquête AFO). Pour faire simple, ce sont les mêmes personnes qui vont voir les concerts de musique classique qu’il y a 30 ans, mais elles n’ont évidemment plus le même âge !
Le renouvellement des publics est donc un enjeu central pour les évènements de musique classique. L’ONPL l’a bien compris et propose un prix attractif de 3€ pour les moins de 25 ans pour un concert par mois. Mais c’est un autre défi que de vouloir inviter un public à majorité étudiante dans la grande salle de la Cité des Congrès pour un concert de ce genre. L’ONPL et la Cité des Congrès dégainent donc chaque année l’artillerie lourde, un billet au prix minime de 2€ et un groupe de jeunes étudiants qui assure la vente de ces billets directement sur le campus afin d’établir un contact direct avec le public visé. Un car avait même été prévu pour ramener des étudiants de l’Université d’Angers, venus juste pour le concert !
Cette recette fonctionne, avec sa capacité d’environ 2000 places, l’enceinte de la Cité des Congrès affichait quasiment complet ce mardi 21 novembre. C’est dans cette ambiance estudiantine que l’ONPL a interprété l’œuvre de Gustave Holst, « Les Planètes ». Pour accueillir ce public inhabituel, une médiation était proposée par le musicologue Nicolas Dufetel et le chef d’orchestre Pascal Rophé, afin de décrire la composition de l’orchestre (environ 80 instruments) et les intentions de l’auteur. Explication.
DE MARS A NEPTUNE…
Les sept planètes (avant la découverte de Pluton en 1930) composant notre système solaire correspondent chacune à un dieu de la mythologie romaine.
En interprétant Mars « celui qui apporte la guerre », l’orchestre a directement capté l’attention du public : de qui entre l’accompagnement (fait par les cordes) et l’harmonie remportera cette guerre ?
Nous laissant sur le suspens, le musicologue nous présente alors le déroulement de ce concert pas comme les autres, ainsi que la pièce et ses origines. Il nous explique aussi notre rôle au sein de la pièce: la planète Terre n’a pas été composée car nous, public, sommes la Terre.
Vénus est un mouvement plus léger, la déesse de la beauté et de l’amour nous apporte un message de paix. Des instruments particuliers sont chargés de nous délivrer ce message d’amour, le glockenspiel (percussion) et le célesta (hybride entre le glockenspiel et le piano) qu’on entend dans le thème d ‘Hedwige de la saga d’Harry Potter.
Mercure est la plus légère des planètes, d’après le chef d’orchestre « c’est jubilatif, furtif » !
La musique doit voler dans l’orchestre, des instruments les plus aigus aux plus graves, par exemple des contrebasses aux violons, ou bien des bassons aux flûtes traversières.
« C’est une sorte de blague musicale drôle et légère » nous explique Nicolas Dufetel.
Jupiter, ne nous semble pas inconnue. En effet, l’hymne introduite par Gustav Holst, nous rappelle les thèmes des films de Tolkien (Le Seigneur des Anneaux ou le Hobbit), fantastiques et aventuriers, on imagine très bien Bilbo ou Frodon voyager dans des contrées lointaines.
Saturne, dieu du temps et Uranus, dieu de la vieillesse, sont les deux derniers mouvements joués de la suite symphonique.
« Vous êtes les bienvenus, la musique classique est ouverte à tout le monde ! » Pascal Rophé
À la fin du concert, entre discussions enthousiastes et chants à tue têtes des dernières notes jouées ou des mélodies qui ont le plus marqué, nous avons interpellé Adèle et Marie, toutes deux étudiantes à l’Université de Nantes, pour recueillir leurs impressions.
Est-ce la première fois que tu viens à la Cité ?
Adèle : J’étais déjà venue voir un concert pour les Folles Journées à la Cité des congrès.
Marie : C’est la première fois que je viens ici.
Quelle planète t’a le plus marqué ?
Adèle : C’est Jupiter qui m’a le plus marquée, c’est celle qui avait le plus d’énergie.
Ce concert-commenté t’a-t- il permis d’apprendre de nouvelles choses sur la musique orchestrée ?
Adèle : Il m’a fait remarquer des choses dans la musique que je n’aurais pas remarquées autrement. C’était très théorique. Cela permet de voir comment fonctionne l’orchestre.
Marie : Non pas vraiment car j’ai déjà une formation musicale et je pratique depuis plusieurs années, mais c’était quand même intéressant !
Que penses-tu du rapport entre la musique classique et les jeunes ?
Marie : Je pense que les jeunes ne sont pas assez incités à écouter de la musique classique et n’en connaissent que les clichés (c’est ennuyant, lent, il n’y a pas de paroles, c’est long, soporifique). Alors qu’en fin de compte, avec quelques notions, la musique classique c’est bien plus que tous ces clichés et elle intéresserait un grand nombre de jeunes ! Comme tous les autres styles musicaux, elle possède ses codes et un langage spécifique qu’il suffit de découvrir afin de la comprendre.
Adèle : C’est bien que les jeunes viennent écouter de la musique classique, ce n’est pas destiné à un public en particulier. Et si c’est commenté c’est bien parce que ça permet aux jeunes qui ne s’y connaissent pas de comprendre et d’avoir envie de revenir. La musique classique c’est une musique comme une autre !
Une belle soirée donc, et un public conquis par le spectacle proposé, cette symphonie ayant inspiré de nombreux compositeurs de grands films comme Star Wars ou bien Le Seigneur des Anneaux. Les étudiants y trouvaient donc des références qu’ils connaissaient et ont d’autant plus apprécié cette représentation. Une remarque faisait cependant consensus à la sortie de la salle, les spectateurs étaient quelque peu frustrés par le temps que prenaient les interventions de médiation sur l’écoute de la musique. Cette initiative a le mérite d’attirer sur un temps précis un public qui ne viendrait pas d’habitude. En mêlant une communication directe, un prix abordable et une médiation sur scène, cet événement fait le pari d’attirer de nouveaux spectateurs avec l’idée de peut-être les fidéliser !
L’ONPL propose ces concerts tous les mois à prix réduits, profitez-en !
Pierre et Aminata
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¹ [L’enquête sur les pratiques culturelles des Français, dirigé par le département des études et de la prospective du Ministère de la culture (DEPS)]