Depuis le 7 mars 2016, l’école d’ingénieurs Centrale Nantes emploie une petite dizaine de moutons pour tondre ses pelouses. L’opération perdure depuis plus d’un an et demi, preuve de son efficacité.
Centrale Nantes, qui fait partie du campus Tertre (au nord de la ville de Nantes, pour les non-initiés), possède un grand terrain vert, sur lequel vivent de petits moutons. Ils sont présents de mars à octobre au sein de l’établissement, et sont retirés pour la période hivernale. L’entreprise Breizh Moutondeurs en est la propriétaire. Elle loue ses moutons et assure des visites – dont vétérinaires – hebdomadaires pour s’assurer de la bonne santé des animaux. Ce sont des moutons d’Ouessant, une race de petits individus de cinquante centimètres de haut en moyenne, à la robe noire ou marron et aux yeux étonnamment jaunes. Cette race est la plus petite du monde, se reproduit peu (un petit par an pour une femelle) et est donc très utilisée pour l’écopastoralisme – l’utilisation d’herbivores pour entretenir les espaces enherbés.
L’espace vert à l’entrée de Centrale Nantes ; sur la droite se trouve la rue de l’arrêt de tram École Centrale Audencia.
La direction de Centrale Nantes explique avoir mis en place ce dispositif pour plusieurs raisons. Hormis des motifs pratiques comme une tonte plus facile des pentes et bosses difficiles d’accès, elle prône par exemple la participation à l’attractivité du quartier, ou encore le bien-être qu’apporte la présence d’animaux. Pour Étienne, un élève de Centrale, « ça n’apporte que du bien, et nous on est contents de pouvoir raconter qu’on vit avec des moutons ! ». L’école a fait en sorte d’investir étudiant·e·s et membres du personnel dans le projet. L’informaticien d’un des bureaux de recherche est responsable de veiller sur les moutons au quotidien, de vérifier qu’ils sont tous présents et qu’ils se portent bien.
Centrale Nantes investie pour l’écologie
Cette initiative s’inscrit dans une démarche écologique qu’emprunte l’école. Les habitudes doivent changer si on veut donner une chance à la planète. La cafétéria met à disposition de tous des écocups à utiliser puis laver pour le prochain à s’en servir, afin de remplacer les gobelets en plastique. Les élèves peuvent fournir leur propre contenant quand ils utilisent les machines à café. Le tri sélectif est bien fait : plusieurs poubelles clairement identifiées sont à disposition. En outre, le Bureau du Sport (BDS), une association étudiante qui se retrouve dans toutes les écoles, a mis en place une AMAP (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne). Les salarié·e·s et étudiant·e·s peuvent acheter chaque semaine des légumes, des fruits et du pain bio à un producteur local à travers l’association. Le BDS organise aussi des visites de l’exploitation agricole pour les intéressé·e·s.
L’université mise sur une politique à grande échelle
L’Université de Nantes, quant à elle, développe « La stratégie Qualité et Développement Durable », avec des objectifs dont les échéances sont fixées à 2020. Le calendrier est globalement bien respecté, confirme la directrice du programme. Elle précise que « ce sont des enjeux de long terme donc il est difficile de dire où sont les retards, mais Nantes a pris conscience de la problématique il y a longtemps, et y a mis les moyens ». En effet, la stratégie Qualité et Développement Durable emploie quatre personnes à temps plein. Les deux aspects phares de cette entreprise sont la transition énergétique de l’université et la gestion des déchets, mais elle repense aussi ses achats, sa participation à la biodiversité, ou encore la question des déplacements. Comme à Centrale, les changements sont bien visibles par les étudiants. La cafétéria commence à remplacer leurs couverts en plastiques par des couverts compostables. Une autre AMAP propose des paniers au Pôle étudiant. Les facultés ont également énormément diminué leur consommation de papier et privilégient le papier recyclé. « La communauté universitaire est réceptive au projet, on trouve toujours des gens motivés pour travailler, même si on aimerait encore aller plus vite », ajoute la directrice.
Breizh moutondeurs, comme Centrale Nantes et l’université, ont pris conscience des problèmes écologiques, mais surtout, ont décidé d’agir.