Du 17 septembre au 14 octobre derniers, se tenait à l’espace Cosmopolis l’exposition «Démocratie, les défis d’aujourd’hui». Son but ? Faire un bilan de la démocratie autour du monde et pousser le visiteur à s’interroger.
Des photos au micro-trottoir, en passant par des dessins de presse et des fresques, sans oublier des événements très ponctuels comme des projections ou des conférences, l’exposition offre une grande diversité de supports et de points de vue. On y fait un voyage tant spatial que temporel, de la Tunisie à l’Ukraine, de la Grèce Antique à 2018. On parle vote, égalité hommes-femmes, géographie, classement, organisation, humour, initiatives locales et j’en passe.
On y apprend beaucoup de choses, notamment que le mot démocratie vient du grec demos (le peuple) et kratos (le pouvoir).
Un état du monde
Née il y a 4500 ans à Athènes, la démocratie a depuis beaucoup évoluée et s’est répandue. Il y aurait aujourd’hui une centaine de pays (plus ou moins) démocratiques dans le monde.
Ces pays ont été classés du plus démocratique au plus autoritaire par l’Economist Intelligence Unit selon plusieurs critères (conditions de vote, la transparence, la parité…).
Sans grande surprise, ce sont les pays du nord de l’Europe (Norvège, Islande et Suède) qui composent le podium. La France, considérée comme une démocratie imparfaite est… vingt-neuvième, et se retrouve entre autres derrière le Royaume-Unis (quatorzième), L’Ile Maurice (seizième), les États-Unis (vingt et unièmes), le Japon (vingt-troisième) et le Botswana (vingt-huitième). De quoi calmer notre orgueil de citoyen du «Pays des Droits de l’Homme et de la Révolution ».
Cependant, la France n’est pas un cas isolé de démocratie imparfaite. En effet, sur une grande partie du globe, la démocratie fait face à de nombreux facteurs qui la fragilisent, que ce soit la montée généralisée du populisme, la corruption ou encore les scandales politiques à gogo (récemment l’affaire Benalla).
«Démocratie, les défis d’aujourd’hui» se constitue alors comme un véritable appel à remettre en question ce régime politique et à s’interroger sur la place que, nous citoyens, occupons en son sein.
Paroles d’enfants et d’adolescents
Une des choses qui m’a le plus plu dans cette exposition, c’est le micro-trottoir audio réalisé par des adolescents de l’accueil de loisirs de la Halvêque (Est de Nantes) qui donne exclusivement la parole à des enfants et à des adolescents.
Les interrogé·e·s devaient répondre à trois questions : «En France, nous sommes en démocratie, ça veut dire quoi pour toi ?», «Si tu pouvais faire quelque chose pour le peuple en France, tu ferais quoi ?» et «C’est quoi l’essentiel pour toi pour qu’on puisse vivre tous ensemble ?»
On entend par exemple «la démocratie c’est le vote et l’égalité », «il faudrait renouveler les lois, changer les mentalités», «baisser la pollution» ou encore «pour vivre tous ensemble il faudrait qu’on se respecte les uns les autres ». On entend même un adolescent dire que « la France, c’est une monarchie camouflée».
Loin d’être naïves, ces réponses montrent que, à défaut d’être présents dans les médias, les jeunes sont tout à fait capables d’avoir une idée de l’environnement politique dans lequel ils vivent et de proposer des idées pour l’améliorer. Ils sont d’ailleurs déjà acteurs de la démocratie, notamment à l’école, lorsqu’ils élisent leurs délégués de classe, ou qu’ils votent pour telle ou telle date de contrôle par exemple.
Paroles d’étudiants
La démocratie s’exerce également à l’université, notamment en Assemblée Générale ou lorsque l’on élit les représentants étudiants. De plus, presque tous les étudiants français sont majeurs, et sont donc des individus autant concernés par la démocratie que les adultes, si ce n’est plus puisqu’ils constituent le futur de cette dernière. Ce sont également des acteurs non négligeables d’une nouvelle ère, celle des réseaux sociaux, dont l’influence sur la politique n’a jamais été aussi forte (coucou Donald Trump et son compte Twitter). Nous sommes donc tout aussi concernés par la politique que nos aînés, mais, encore une fois, beaucoup moins représentés, que ce soit dans les médias ou dans les élus : c’est évident qu’il y a un problème.
C’est donc dans l’objectif de donner (un peu) la parole à une tranche d’âge, la mienne, celle des 18-24 ans, que je suis allée interroger quelques étudiants nantais. Je leur ai posé les mêmes questions que celles posées par les adolescents d’Halvêque. Voici leurs réponses:
Beaucoup de gens ont tendance à penser qu’aujourd’hui, les jeunes se fichent ou ne se sentent pas concernés par la politique. De plus, on nous donne souvent l’impression que la politique est une chose réservée aux adultes, que les jeunes ne peuvent pas comprendre. On a d’ailleurs vu comment les mouvements étudiants ont été tournés en dérision l’année dernière.
Or, comme le montrent ces réponses, on est tout à fait capables de comprendre la démocratie, ses enjeux et ses limites.
Si on est autant à même de comprendre la politique que nos parents, pourquoi tant d’efforts pour tourner les étudiants en ridicule ? Peut-être parce qu’on fait «peur»… Parce que les étudiants et les étudiantes englobent une diversité énorme de personnes, qu’elle soit sociale, religieuse, d’opinions et j’en passe. Et c’est cette masse qui fait peur, car elle est dynamique, créative, peut-être capable de parfaire une démocratie imparfaite, qui pourtant convient à bien des gens.
«Accepte ta jeunesse elle a du caractère » disait le rappeur Lartiste. Politiciens, prenez-en de la graine car, qui sait, c’est peut être cette jeunesse qui, un jour, fera monter la France dans le top 10 des pays les plus démocratiques du monde.