À la Bibliothèque universitaire de Lettres de l’Université de Nantes se trouve une exposition d’ouvrages, dans le cadre de l’année France-Colombie, sur les différents aspects de la Colombie à travers géographie, anthropologie, archéologie, histoire, société et littérature.
Curieux de cette multitude d’ouvrage, arborant des titres d’un lexique tropical, mon intérêt s’est porté sur Aguirre ou la fièvre de l’indépendance écrit par Francisco Vásquez et sur Aguirre, la colère de dieu, film réalisé par Werner Herzog en 1972. Je me suis donc demandé : « Qui est Aguirre ? »
Dès la première page du livre, une carte:
Cette carte du nord de l’Amérique latine accompagne le récit de Lope de Aguirre, célèbre conquistador espagnol rendu célèbre par sa cruauté et surnommé ‘El Loco’ (le fou).
C’est durant le 16ème siècle, en pleine expédition de la découverte et de la conquête du territoire de ‘l’Eldorado’, que Lope de Aguirre a mené la mutinerie contre le commandant en charge. C’est grâce à la violence qu’il s’est approprié le pouvoir en se proclamant « Prince du Pérou, de la Terre Ferme et du Chili ».
C’est alors qu’au fil des lignes de cet ouvrage, un imposant champ lexical décrit la personnalité de cet homme :
“Possédé du démon, nouveau judas” ; “bête féroce, loup, jaguar assoiffé de sang, monstre” ; “pêcheur endurci, luthérien, athée, blasphémateur effréné” ; “névrosé, psychopathe, paranoïaque” ; “malgré tout, presque sympathique” ; “précurseur, premier héraut et héros de l’indépendance américaine” ; “traître même à ses amis, rebelle à son roi, tyran cruel et pervers, d’une suspicion obsessionnelle, tueur implacable” ; “dévoyé digne de pitié” ; “tumeur pathologique sur un corps social fondamentalement sain”. Chacun de ces mots est utilisé pour damner, condamner, décrire et juger Lope de Aguirre. Une multitude d’autres sentences prononcées à son égard jonchent les pages de ce parcours sanguinaire à travers l’Amazonie, de quoi construire le dictionnaire de la virulence.
Quant au film, il n’a fait qu’amplifier l’image d’un homme en pleine furie de conquête. Toutes les images que l’on se représente à la lecture prennent un sens concret au fil des minutes du film.
Quand le désir de puissance rime avec violence
Cette personnalité révélée trouve ses racines dans l’histoire de la colonisation sud-américaine. N’oublions pas qu’à la même époque de l’Histoire, un peu plus au Nord dans ce qui est l’actuel Mexique, une tribu sévissait sur le reste de la région : Les Aztèques, assoiffés de sang, glorifiant cruauté et violence au nom de leurs divinités.
Célèbres par leur tenues en peaux d’animaux, ils ont bâti un empire puissant, capable de contrôler toutes les tribus environnantes. Quelques décennies de terreur ont suffit à pousser toutes ces ethnies à se mutiner, soutenus par les conquistadors espagnols, éradiquant les aztèques.
En un mot, si vous êtes curieux-se de l’époque où l’Europe à découvert l’Amérique et où les Européens ont découvert les Indiens, n’hésitez pas à venir faire un tour à l’exposition d’ouvrages dédiés à la Colombie, présente jusqu’au 16 décembre à la BU Lettres.