L’Histoire touche tout le monde. Elle nous permet de connaître et comprendre notre passé afin de questionner notre présent et de mieux appréhender notre avenir.
Fondée en 1987 par Alain Croix (historien émérite) et Robert Durand (médiéviste), l’association Nantes-Histoire est à la croisée des chemins entre études historiques et sociologiques. L’objectif ? Transmettre, débattre, réfléchir et faire réfléchir. L’idée fondatrice visait à proposer des cours publics où chercheurs historiens partageraient leurs découvertes, leurs réflexions. D’autant plus que depuis ces dernières années, la lecture de l’Histoire a considérablement changé…
Cette année, de grands noms, tels que Jean-Clément Martin (professeur émérite de l’Université de Paris I) et Patrick Boucheron (professeur au Collège de France, spécialiste de renom en histoire médiévale), nous feront l’honneur de présenter et de débattre de leurs recherches sur l’évolution de l’approche historique depuis trente ans. Leur discours s’appuiera notamment sur des études de livres, de films (Chocolat), de séries et même de jeux vidéo ! En effet, vous pourriez être surpris d’apprendre la collaboration étroite de Jean-Clément Martin avec Ubisoft, dans la création du fameux opus d’« Assassin’s Creed Unity ».
La création de l’association
Depuis 2016, la direction de l’association est menée par un professeur de l’Université d’Histoire de Nantes, Philippe Josserand, enseignant-chercheur en histoire médiévale. Nous avons pu recueillir son témoignage concernant cette aventure qui, pour lui, est une occasion pour tous de « s’emparer de l’histoire ».
L’objectif de Nantes-Histoire est de porter une histoire citoyenne, auprès du plus grand nombre, étudiants comme cinquantenaires, intéressés par cette discipline ou futurs initiés. Le but est que l’association « puisse être partie prenante, actrice de la vie du plus grand nombre de nos concitoyens » nous explique Philippe Josserand.
L’idée est de « faire venir l’histoire telle qu’elle est, telle qu’elle s’élabore au plus près de la recherche qui est en train d’être construite, et de la proposer aux nantais et de faire en sorte que ces derniers la connaissent, s’en emparent, et réagissent. ».
Le public des conférences rajeunit depuis ces dernières années, souhait premier du président de l’association : « on ne peut pas prétendre se tourner vers la cité si on en exclut (tous) ceux qui en sont les futurs citoyens ». Par ailleurs, l’association accueille depuis 2017 deux étudiants de master en Histoire dans son conseil d’administration, Julie Ratouit et Matthieu Terrier, s’ouvrant ainsi plus amplement à la jeunesse, « aux générations nouvelles ».
Vers de nouvelles perspectives
« On n’a pas voulu célébrer cet anniversaire de manière nostalgique ».
Les « 30 ans d’Histoire partagée », thème de cette année 2017-2018 dont Jérôme Wilgaux, enseignant-chercheur en Histoire grecque est le principal artisan, offrent une vue d’ensemble sur ces trois dernières décennies au cours desquelles « l’Histoire redéfinit sa place en tant que discipline » selon Monsieur Josserand. Celle-ci est en perpétuel renouvellement, s’appropriant les nouvelles technologies à sa disposition, étant touchée par les combats mémoriels également… « On écrit plus du tout l’Histoire de la même manière ».
« Nantes-Histoire ne peut plus se regarder comme étant seule au monde, elle doit trouver sa place dans un tissu qui la dépasse et qui fort heureusement d’ailleurs aussi l’enrichit ».
Après la publication de treize ouvrages centrés sur Nantes et sa région (entre 1989 et 2009), l’association a été partenaire du festival Nous Autres, organisé en juin dernier par Le Grand T, sous la direction de Patrick Boucheron. De nombreux partenariats avec la plupart des institutions culturelles de Nantes existent également. Ceux-ci, comme nous l’explique Philippe Josserand, suivent l’objectif « d’ouvrir plus de portes, d’ouvrir le plus de perspectives ».
« Il ne faut jamais oublier que l’histoire c’est aussi un plaisir ».
Ces rendez-vous historiques sont l’occasion de « satisfaire une curiosité », permettant des découvertes et une meilleure compréhension, « en en mesurant toute la nécessité pour notre époque ».
Universitaires, professeurs émérites, journalistes (du Monde diplomatique par exemple), doctorants, spécialistes d’une période ou d’une autre, tous vous feront découvrir, approfondir et débattre de sujets scindant notre société actuelle : laïcité, écologie, féminisme… !
Certaines suscitent même l’émotion. Dans l’intimité de son salon, Philippe Josserand nous confie « Oui, il y a des moments où on est touché par certaines conférences qui arrivent à faire resurgir une émotion très forte (…). On comprend à ce moment-là assez profondément et physiquement, une impression presque sensible de pourquoi justement on fait de l’histoire, pourquoi cela nous est aussi essentiel et pourquoi finalement l’histoire informe notre rapport au monde et l’anime. ».
Un dernier mot peut-être Monsieur Josserand ? « Ma présence ne sera probablement pas très longue mais je tiens à deux choses, c’est cette ouverture des fenêtres et puis cette ouverture aussi à la jeunesse, aux générations nouvelles. Ça je crois que c’est évidemment les deux choses que j’ai essayé d’ancrer, que j’ancre là et qui j’espère me survivront. »
Alors ? Vivement lundi prochain !
Article rédigé par Emmanuelle ROCHER et Anna TELLIER