L’actualité, comme une marée, nous dépose ce mercredi deux galets : Pierre Brossolette et Leoluca Orlando. Le premier était journaliste, résistant dans la France occupée : il « prend place » aujourd’hui au Panthéon. Le second est maire de Palerme, la principale ville de Sicile, 650 000 habitants.
Pierre Brossolette, intellectuel brillant, s’était rendu à un premier rendez-vous à Londres avec De Gaulle. La deuxième fois, en 44, une tempête repousse son bateau vers la Bretagne. Il est arrêté, transféré à Paris au siège de la Gestapo. Torturé pendant deux jours, il profite de l’absence d’un garde pour se jeter par la fenêtre. Il « échappe à la torture par la mort volontaire » (Laurent Joffrin). Vous imaginez ??
Leoluca Orlando, déjà maire de Palerme dans les années 1990 et à nouveau maintenant à 70 ans passés, répond à une interview dans Ouest France. Palerme n’est pas une ville européenne, c’est une ville moyen-orientale, dit-il. Elle accueille les migrants (170 000 en une année, j’ai bien lu ?) venus d’Afrique, sans réticence. D’après lui, à Palerme, même l’extrême-droite n’est pas raciste !! De jour comme de nuit, il est présent sur le port pour l’arrivée de chaque bateau, pour dire à ces hommes et ces femmes qu’ils « sont des êtres humains et pas des choses ». Vous imaginez ?
Deux images. Deux pierres de touche. Qui donnent du sens à l’engagement. Et qui montrent qu’entre l’engagement et le sacrifice, il y a l’épaisseur… d’un papier à cigarette ? d’un brève hallucination ? Drôle de thème, de fatalité, ou de réponse à l’affadissement de l’expérience, à sa banalisation, dans nos sociétés.