Une semaine, déjà, qu’on a retrouvé le débris du Boeing de la Malaysian Airlines. BFM TV fait encore 35 minutes (ou plus, j’ai renoncé à voir la suite) ce soir à 22 heures.
Du nouveau ? Une confirmation prévisible : le débris appartiendrait bien au Boeing 737. Des anticipations : demain, tel ou tel nouvel examen. Et la valise qui n’a pas encore été expédiée en France.
C’est proprement scandaleux ! Deux journalistes, la trentaine, cravate, robe bleue, sérieux de circonstance, meublent comme ils peuvent. Qui a fait ce choix éditorial ? Le rédacteur en chef est sans doute à la plage. A-t-on laissé ces deux jeunes gens décider seuls, puis continuer coûte que coûte, s’escrimer, ramer, transpirer ? Comme deux étudiants qu’ils étaient encore il n’y a pas si longtemps et qui sentent que leur exposé est en train de foirer, mais qui vont jusqu’au bout de leurs notes sans en omettre une virgule.
Ils ne savent visiblement plus à qui ils s’adressent. Ni ce qu’ils font là. Ni ce qui fait l’intérêt de cette information. Leur cours du CFJ sur la « newsworthiness » est descendu dans leurs chaussettes. Ils enlèvent aux téléspectateurs le peu d’envie qu’ils avaient encore de se tenir au courant de l’actualité. C’est un naufrage !
Pour compenser, on mobilise tout le dispositif médiatique. Des duplex, des envoyés spéciaux, qui n’ont bien sûr rien à dire mais qui font bonne figure, trois invités sur le plateau, des images d’archives, un mini débat. On mobilise le savoir-faire de communication : animation irréprochable, rhétorique impeccable, une dose de psychologie pour opposer le discours du Premier ministre malaisien et celui du procureur adjoint, de la compassion, un peu d’interprétation stratégique aussi, obligatoire pour parler d’un sujet controversé sans prendre parti soi-même, et une vague dramaturgie, imitant de très loin et sans talent un polar qui serait basé sur une énigme très énigmatique, et où l’enquête serait le seul ressort de l’intrigue.
Tout ça pour ça ! Quelle vacuité !
Ce n’est pas nouveau. On se souvient de Leonarda, 14 ans, poursuivie par une meute de micros et de caméras. Ou de Marine et Jean-Marie Le Pen s’écharpant sous l’œil des commentateurs. En fait, c’est le mode de fonctionnement constant des chaines d’info en continu.
Pour ma part, je n’en aurais ni le temps, ni la patience, mais il faudrait analyser la rhétorique de ces journaux, qui tentent de redonner d’une main la valeur informationnelle qu’ils ont retirée de l’autre. Je suis prêt à aider un étudiant qui associerait l’envie furieuse de donner un coup de pied dans la fourmilière avec la précision d’un entomologiste.
Il faudrait que cela cesse enfin ! Il y a tant de sujets à traiter !! Les migrations tragiques sur terre et sur mer, la nouvelle stratégie de la Turquie face au PKK, la guerre en Afrique et au Proche-Orient, l’optimisation fiscale, la dette, le chômage, le burn out, le désespoir, la modernité, la jeunesse, la vieillesse…
Tenez, je vous mets un petit reportage d’une journaliste débutante sur la nouvelle génération des jeunes femmes iraniennes à Ispahan : Parmi la jeunesse iranienne. Comparez !