Et si on discutait de la discutabilité ?

Le 12 juillet 2016 : presque un an après la publication de ce post, l’une des étudiantes auteures du reportage commenté ici me demande de retirer ce texte afin que son nom et les références à un membre de sa famille n’apparaissent plus. Je devrais refuser.

Refuser, car l’université défend la même liberté d’expression que la presse, me semble-t-il, c’est l’une de ses valeurs cardinales. Et parce que réaliser un reportage dans le cadre d’une année d’études, c’est apprendre à exercer sa curiosité, son sens de l’écoute et sa liberté dans le choix d’un angle et d’un registre d’écriture. Pas à réclamer sous de très mauvais prétextes le retrait de textes et de la réflexion qui va avec.

Mais je crois au respect autant qu’à la liberté. J’ai décidé de retirer 7 lignes du texte ci-dessous, ainsi que le reportage et les noms des trois étudiantes qui l’ont réalisé. En dehors de cela, je maintiens la totalité de mon texte qui reste, je crois, largement lisible et compréhensible en l’absence du reportage. Supprimer ce texte aurait été un peu vexant, car il me semble particulièrement emblématique du type de réflexion mené dans ce blog sur le reportage et sur sa pédagogie, et de la fonction d’approfondissement liée au choix d’un angle.

J’ajouterai que certains étudiants jugent parfois leurs profs avec une sévérité que, par chance pour eux, nous n’avons pas à leur égard. Et que demander à un enseignant-chercheur de retirer un texte relevant à la fois de la pédagogie et de la recherche, c’est lui crever doublement le coeur…

 

Voici un sujet que j’ai beaucoup encouragé, et dont le résultat est certes correct, mais pas tout à fait à la hauteur de ce que j’avais espéré. Je m’excuse par avance auprès de mes trois étudiantes qui liront peut-être ce texte. Mon objectif ici n’est pas de les critiquer, mais bien plutôt de m’appuyer sur leur reportage pour effectuer une sorte d’autocritique, de rechercher dans ma pratique de prof ce qui fait peut-être défaut afin que des étudiantes motivées par leur sujet, ayant mené une enquête sérieuse et plutôt à l’aise à l’écrit, produisent un travail mieux cadré et plus approfondi.

Le sujet, donc : les étudiants étrangers face à l’administration, avec ses « haussements d’épaules et froncements de sourcils ». Oui, mais justement, le but n’est pas de faire un procès convenu de l’institution. [ CENSURÉ : 7 lignes ].

L’angle est vite trouvé. Trop vite, peut-être… (Et l’on retrouve ici Deleuze et Kurosawa : la question semble s’imposer d’elle-même, tant elle structure la situation.) La communication perturbée, empêchée, impossible même. Tant d’efforts, tant de bonne volonté, souvent, de part et d’autre ! Et ce constat que quelque chose cloche irrémédiablement.

Ce qui fera l’intérêt du reportage, c’est l’idée de confronter les deux côtés de la barrière, le caractère extensif des témoignages recueillis, et l’effort pour comprendre ce qui fait obstacle à une communication plus transparente et plus fluide. Le caractère « exotique » des étudiantes choisies, une Géorgienne, une Russe et une Chinoise, semble accroître l’écart à combler et la difficulté de cette communication. L’une de ces difficultés, néanmoins, celle de la langue, tend à acquérir un caractère prédominant et quasiment exclusif, au point que je dois faire rectifier la présentation écrite de l’angle.

Jusque là, tout va à peu près bien. Les conditions sont apparemment réunies pour un traitement intéressant du sujet, avec une certaine originalité et un certain approfondissement. Voire…

On pourrait considérer que les défauts du reportage achevé proviennent du non respect des éléments de ce cadre. De ce contrat, pourrait-on presque dire. Le point de vue de l’administration n’est plus représenté que par un stagiaire du CROUS, dont le témoignage est beaucoup moins développé que celui des étudiantes. Par une sorte de malentendu, les témoignages de ces dernières conservent les caractères de l’oral, avec son absence de ponctuation, bien sûr, et avec ses redondances et ses répétitions. J’ai demandé, vers la fin, de « tailler » dans les citations pour en retrancher les éléments inutiles, mais c’était sans doute trop tard, et peut-être difficile au moment où l’on arrive à saturation et où l’on manque du recul nécessaire pour effectuer ce type de corrections. (La page facebook que j’utiliserai l’année prochaine devrait aider à transmettre ce type de messages dans une partie de l’année où les groupes d’étudiants ne viennent plus toujours me voir régulièrement.) Enfin, ce reportage, malgré son appui sur de nombreux témoignages, garde en partie le style d’un « essai » : il commente au fur et à mesure ces témoignages, ce qui ne devrait pas être le mode dominant d’intégration des citations dans un reportage.

Bien. Ces défauts sont assez évidents. Là encore, peut-être trop…

Car moi aussi, j’ai certainement commis une faute en validant le cadre décrit ci-dessus. Avec ma passion de longue date pour Kafka, avec le travail que j’ai fait il y a une trentaine d’années sur Max Weber, avec les combats que je mène au quotidien contre certaines tendances de l’administration dans ma faculté, sans parler de mes travaux sur l’idéologie de la communication, mon choix d’alors apparaît dans l’après-coup de ce dimanche d’été sous un singulier éclairage : pourquoi ai-je accepté cet angle finalement si superficiel ? La question de l’administration se résume-t-elle à un problème de communication ? Et la communication elle-même est-elle un idéal de transparence auquel un certain nombre de facteurs feraient obstacle (et qu’il faudrait chercher à aplanir) ?

J’ai certainement transigé avec le niveau de mes étudiants en LEA qui ne connaissent pas Max Weber et à peine Kafka. Je n’ai pas voulu leur imposer trop de « théorie ». Je connais leurs réactions. J’ai pensé que la problématique « communication impossible » suffirait à étayer un bon reportage. Mais ce faisant, qui sait si je n’ai pas accru les difficultés qu’elles ont rencontrées ?

Vous pensez que je prends la pose ? Que je me la joue coupable afin de retrouver un parfum d’aventure et le frisson de mes débuts d’enseignant ? Que non ! Ce sont de vraies questions, qu’on finit par ignorer, ou par oublier, par la force de l’habitude, de l’imprégnation : quand je reçois 10 groupes d’étudiants à la suite en une heure – un peu comme un médecin, ou un psy (pressé) ! -, je ne me pose pas les mêmes questions qu’en cet après-midi d’été où je deviens un peu, pour le meilleur et pour le pire, sujet transcendantal ! Dans le feu de l’action, mon cerveau fonctionne plus vite, mais il se consacre à la recherche de solutions, à la reformulation légèrement « augmentée » des propos de mes étudiants, que j’essaie d’amener à trouver eux-mêmes des voies originales, parfois à des enthousiasmes un peu précipités. En tous cas, il a ses points aveugles…

Je vais donc essayer de pousser plus loin mon raisonnement, en tirant profit du calme estival. Ce que je vais dire maintenant ressemblera pour certains à un musée des horreurs, que Kafka veuille bien me pardonner !

La question est la suivante : que puis-je proposer en vue de stimuler la réflexion des étudiants, sans leur imposer l’effort et l’investissement en temps que supposerait une véritable approche théorique ? La question, en elle-même, est peut-être déjà « horrible », je vous avais prévenus. Mais il faut bien comprendre que mes cours débouchent certes sur une production, mais se situent à un niveau d’initiation. Il faut donc imaginer des « raccourcis ».

Je vais envisager deux exemples de textes très courts, que j’aurais pu proposer dans le cas du reportage commenté ci-dessus. Le premier est un extrait de Wikipedia. Ce n’est pas une provocation ! Il faut bien reconnaître que sur beaucoup de sujets, Wikipedia ne mérite plus les critiques qu’on lui adressait encore il y a quelques années. Je propose donc un extrait de l’entrée en français sur « Le Château » de Kafka, consacré à son « analyse ». Je le mets en note, afin de ne pas alourdir plus le présent post[1].

Si je pratique moi-même la lecture très subjective que j’imaginerais en demander aux étudiants, je retiendrai trois choses (que je surligne ou cercle au fil de la lecture) : l’idée de « labyrinthe bureaucratique », l’idée d’une administration « impénétrable », « complexe » et « toute-puissante », le fait que K. « ne comprend jamais les règles ». Elles se trouvent dans les deux premiers paragraphes. Le reste du texte est passionnant, mais hors sujet…

Vous commencez à comprendre ?!

Je développe tout de même un peu. Le terme de labyrinthe me parle (celui de bureaucratie aussi, pour des raisons différentes). Il constituerait un fil conducteur tout à fait honorable pour un reportage sur notre sujet. A certaines conditions, bien sûr : qu’on lui donne un sens précis, et qu’il ait un répondant dans l’expérience des personnes interrogées.

Un sens précis : pour utiliser la notion de labyrinthe, il faut définir clairement tous les éléments de sa définition, de son rôle dans l’histoire et dans les mythes, éventuellement de ce qui la distingue d’autres termes comme « dédale », de la signification qu’elle prend si on l’associe à la bureaucratie (elle aussi à définir), et de ce qu’elle représente d’un point de vue subjectif. Angoisse, perplexité, perte de repères, hantise de l’enfermement et de l’immobilisation. Il serait bon de rassembler aussi quelques textes qui illustrent ces valeurs objectives et subjectives, contemporaines ou historiques, documentaires, mythiques ou littéraires. Internet rend ce type de recherche assez facile à condition de s’appuyer sur un minimum de culture générale.

S’agissant du répondant des personnes interviewées, la vérification s’impose. On n’arrivera à rien si le terme ne fait pas écho à des aspects vécus intimement, perçus avec intensité, appartenant au domaine d’expérience de ces personnes. Ne pas hésiter à le leur présenter avec ses éléments de définition ou d’illustration. Ce sont parfois eux qui susciteront des réactions du type : « Ah, je n’y avais pas pensé, mais en fait c’est exactement cela. » Prolongez cette conversation, vérifiez que sa matière ne s’épuise pas en trois phrases : c’est une sorte de pré-interview, essentielle avant de se fixer sur son angle définitif et de procéder aux interviews détaillées et définitives. Ce dédoublement est pratiqué dans diverses formes d’enquête, en sciences sociales, mais aussi lorsque l’on pratique un journalisme approfondi.

Que représente par exemple cette idée de labyrinthe pour une Chinoise ? La bureaucratie, qu’elle connaît certainement dans son propre pays mais sans doute sous un autre nom, a-t-elle quelque chose à voir avec les guichets de la Préfecture de Loire-Atlantique ou ceux du CROUS, et se laisse-t-elle comparer avec un labyrinthe ? Cette notion a-t-elle un sens pour une Chinoise ? Quelles réactions suscitent-elles chez elle ? Le Minotaure a-t-il à voir avec un dragon, ou avec d’autres références asiatiques ? A vous de poursuivre.

Je ne vous développe pas les deux autres points. Vous pouvez imaginez par vous-mêmes ce que l’on pourrait en tirer.

Voici maintenant mon deuxième exemple de texte à proposer comme référence. C’est un extrait de L’explosion de la communication, de Philippe Breton et Serge Proulx (La Découverte, 1989). Pas tout jeune, mais ce passage est essentiel : il se situe p.61-62 sous le titre de rubrique « Culture de l’évidence et culture de l’argumentation ». Je le mets de même en note[2].

Si je devais faire moi-même ce reportage, c’est le terme de « discutabilité » que je prendrais comme point de départ. Il trace une ligne de fracture entre ce qui est discutable et de ce qui est réputé indiscutable, entre la culture de l’argumentation et la culture de l’évidence. Pour bien comprendre ce dernier terme qui fait référence à l’évidence cartésienne, il faut garder à l’esprit le sens de l’anglais « evidence » qui signifie preuve (NB. Le latin « evidentia » renvoyait à une idée de visibilité, de clarté et même de transparence – cf. dictionnaire latin-français Gaffiot).

Le langage de l’administration a plus que tout autre cette vocation à éliminer la possibilité d’une discussion. Il le fait dans une bonne intention la plupart du temps : il faut éviter les risques d’erreurs, et rendre plus efficaces les processus et les opérations dans lesquels l’administration intervient. Ce langage est cartésien avec la même puissance candide que le philosophe qui affirmait que « si les raisons étaient certaines et évidentes », il suffirait de les exposer pour obtenir l’assentiment de son interlocuteur et faire cesser la discussion, devenue inutile. C’est la raison mathématique qui étend son empire dans les domaines de la vie quotidienne, de la politique ou du droit, et qui véhicule certaines règles de la logique binaire que la philosophie antique n’était pas parvenue à imposer : une substance ne peut pas porter un attribut et en même temps l’attribut contraire. Pour parvenir à appliquer cette logique, il « suffit » que le langage utilisé soit suffisamment précis, ou pour mieux dire, qu’il fournisse du monde une représentation « univoque ».

La frontière entre le discutable et l’indiscutable s’enracine dans une autre frontière : celle qui oppose l’univoque et l’équivoque.

L’hypothèse sur laquelle je bâtirais mon reportage serait que la relation entre l’administration et ses usagers ne met pas simplement en scène des obstacles à une communication bien huilée, mais deux formes différentes de communication, l’une, univoque, transparence et mécanique (les automates de Descartes et Leibnitz, l’ordinateur), et l’autre, oblique, redondante, touffue, qui reproduit l’équivocité des rapports humains dans la vie quotidienne.

Avoir affaire à des étudiants étrangers offre une perspective supplémentaire pour sonder les formes que prend cette opposition.

 

[1] Wikipedia, Le château – Analyse

De très nombreuses interprétations ont été données de ce roman. Certaines voient dans le Château une métaphore de l’État et de l’administration — de sa distance et de sa rigidité — ; d’autres, plus métaphysiques, voient dans ce château inaccessible une représentation du paradis, le personnage se trouvant dans une sorte de purgatoire. Le labyrinthe bureaucratique du Château peut aussi représenter la confusion mentale sans issue présente en tout être humain.

Kafka nous montre ici une certaine absurdité du monde, en même temps qu’il met en exergue la puissance et l’arbitraire de l’autorité, nous plongeant dans l’angoisse d’une administration impénétrable aux ramifications infinies, complexe et toute-puissante, qui oblige à des démarches sans fin, et use la vie de ceux qui s’en approchent avec des « cas » et des « affaires », comme dans Le Procès. K. est le symbole de l’impuissance humaine à comprendre et à agir. Son ambition tombe de plus en plus bas : il veut accéder au château, n’y parvient pas, il essaye alors de voir Klamm, puis simplement de voir son secrétaire, il use pour cela de relations instables (Frieda, la famille Barnabas, l’aubergiste, Bürgel) mais il ne comprend jamais les règles et a toujours un coup de retard.

Kafka met en avant la pluralité des interprétations. La narration oblige souvent à revenir sur de longs passages et à les envisager sous un tout autre angle, au point qu’on perd toute notion de ce que peut signifier la vérité, et qu’on ne sait plus si K. est manipulé ou s’il manipule, si son affaire avance ou n’avance pas, etc. Ainsi, après avoir emménagé à l’école, Frieda accuse K. de la délaisser, et de s’être servi d’elle pour arriver à ses fins et accéder à Klamm. Le lecteur doit alors relire l’histoire de leur rencontre et le parcours entier de K. à la lumière de ce discours, qui a été soufflé à Frieda par l’hôtelière. De même, lorsque K. rencontre Pepi à l’auberge des messieurs, elle tente de lui expliquer que Frieda est une manipulatrice qui est laide dans les faits, mais charme tout le monde par son apparente puissance, comme amie de Klamm, et par ses relations, au point qu’on lui prête à tort une grande beauté. Elle se serait servie de K., qui n’a rien vu venir, pour relancer son prestige déclinant par un scandale. Ici aussi, la version de Pepi paraît aussi plausible que celle que le récit nous incitait à prendre pour vraie à travers les yeux de K. On pourrait presque parler d’un principe d’indétermination avant la lettre dans Le Château : plusieurs systèmes explicatifs peuvent cohabiter selon qu’on envisage la situation sous un angle ou sous un autre. K. lui-même est quelqu’un d’ambigu, dont on ne connait pas du tout l’intériorité. Quant au village, il est tout aussi impénétrable; ses règles comme ses habitants sont entourés d’obscurité : tout le monde calcule et spécule, mais personne ne sait rien finalement. La déroute de K. nous fait perdre tout repère et noie tout sens : il n’y a pas de vérité concernant le château, que personne ne connaît au fond vraiment (beaucoup de rumeurs, peu de faits concrets) et il n’y a pas non plus de solution possible à l’affaire de K..

Selon Max Brod, les deux œuvres maîtresses de Kafka, le Procès et le Château nous montreraient deux formes sous lesquelles le Divin se présenterait à nous : la Justice et la Grâce. Le Procès est un endroit où K. ne peut entrer et symbolise donc un gouvernement divin dirigeant la destinée humaine, qui, elle, est représentée par le Château.

[2] « Au sortir de la Renaissance, la redécouverte de la rhétorique, par le biais d’auteurs latins comme Cicéron et Quintilien, stimula l’art, essentiellement oral, de la « prise de parole » et de l’argumentation efficace. La rhétorique s’identifia de plus en plus, comme elle l’était au temps de Quintilien, avec la « culture générale ». Les jésuites jouèrent un grand rôle dans la diffusion de la rhétorique comme modèle pédagogique général. A partir du XVIe siècle, de nombreux collèges (les premiers furent à Liège, Strasbourg et Nîmes), dont le programme était à base d’humanités et de rhétorique latine, s’ouvriront en Europe. Ces institutions formèrent l’élite de la nation et, comme dans l’Antiquité, culture, éloquence, capacité de persuasion constituèrent les vertus de l’homme appelé à diriger. La maîtrise de la communication – dont la rhétorique est la technique – resta synonyme d’exercice efficace et légitime du pouvoir. Le modèle romain traversera sans encombre majeur les bouleversements de la Révolution dont il était d’ailleurs l’un des référents principaux.

Parallèlement à cet empire croissant de la rhétorique et avec elle d’une certaine mise en œuvre technique de la parole, les modalités de la communication sociale furent affectées par la poussée intellectuelle des sciences exactes et expérimentales. La recherche de l’évidence, rationnelle et empirique, fit naître une catégorie nouvelle de raisonnement qui devait affecter progressivement la nature de tout usage du langage. Jusque-là le critère de toute argumentation était la discutabilité des faits et l’échange des points de vue. Cette tendance avait été poursuivie jusqu’aux excès de la scolastique, mais elle n’en inspirait pas moins les pratiques courantes en matière de savoir. La nouvelle méthode scientifique inaugurée par Descartes partit du principe que toute possibilité de discussion sur un fait le rendait simplement improbable, et que ce qui était simplement improbable était sûrement faux : « Chaque fois, soutenait Descartes, que deux hommes portent sur la même chose des jugements contraires, il est sûr que l’un ou l’autre au moins se trompe. Aucun des deux ne semble même avoir de science, car, si les raisons étaient certaines et évidentes, il pourrait les exposer à l’autre de manière à finir par convaincre son entendement. »

Descartes opéra ainsi une véritable rupture dans les représentations que l’homme du XVIIe siècle se faisait à la fois du savoir et de la communication. Cette rupture s’accentua avec le développement d’un autre type d’évidence, l’évidence expérimentale grâce à laquelle il ne s’agissait plus de décider ensemble de la nature d’un fait mais de faire intervenir un tiers matériel, l’expérience, qui apporte une preuve s’imposant à tous. » (n’hésitez pas à lire la suite…)

 

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