Chaque fois que je dis ou que j’entends dire « whahh !! », comme dans mon post précédent, j’ai à l’esprit cette petite expérience vécue aux Etats-Unis il y a une vingtaine d’année. J’étais parti pour 3 semaines à la University of North Florida, à Jacksonville, pour mener un projet de recherche. Et je me suis retrouvé bien seul en cette période de fêtes de fin d’année, habitant une chambre du campus déserté par ses occupants, et à 10 km du premier fast food et 25 de ce qui tient lieu de centre ville, un seul trottoir avec quelques boutiques, cafés et restaurants (Jacksonville est après Los Angeles la ville la plus étendue des États-Unis).
Le jour de mon arrivée, la responsable des relations internationales m’avait présenté à l’une des jeunes femmes de son service, Milena, je crois. Nos premiers mots échangés avaient eu cette forme-ci : « – Where are you from ? – France. – Whahh !! » Je me souviens de ma surprise. Était-ce vraiment si extraordinaire, si exotique, de venir de France ? Et, malgré tout, quelle sensation agréable d’être ainsi valorisé ! J’avais alors considéré cette réaction comme typique de l’esprit américain dans ce qu’il a de meilleur. Ce côté positif, cette capacité à s’enthousiasmer sans retenue…
Par la suite, j’ai confirmé cette impression. Le service relations internationales était une sorte de ruche où chaque problème était traité immédiatement, et où l’on passait sans état d’âme d’une réelle disponibilité, très amicale, pour chaque visiteur, à un retour sans tarder au professionnalisme et à l’efficacité.
Simplement, aucune des 4 ou 5 personnes qui s’y activaient… n’était aux États-Unis depuis plus de 2 ans ! J’ai revu souvent Milena, que j’avais trouvée si « américaine », parfois avec sa famille. Tous étaient arrivés d’Albanie il n’y avait pas si longtemps. Je suis allé chez eux pour Noël. J’ai emmené un jour son fils à un match de football américain et nous avons mangé des natchos. Il est vrai qu’aucun d’entre eux n’aurait fait 200 mètres sans prendre la voiture. Et que Milena n’aurait probablement pas fait de vieux os aux relations internationales de l’université si elle ne s’était aussi bien fondue dans les usages de son pays d’adoption.
C’est depuis cette époque qu’il m’arrive régulièrement, à moi aussi, de dire « whahh !! », par exemple quand je fais un reportage ou quand mes étudiants m’épatent !