Passage Pommeraye

Sasha Le Lan, Clara de Singly, Bertille Grasset, Passage Pommeraye : les artisans acteurs, les passants spectateurs, mai 2014

Passage Pommeraye – les artisans acteurs, les passants spectateurs

Ici, c’est très simple. Tout part d’une seule idée : les travaux vus du point de vue des commerçants, cela a déjà été fait 50 fois. C’est absolument prévisible. On connaît le milieu et la fin avant même de lire le début. Alors, pourquoi ne pas tout reprendre d’un autre point de vue, celui des ouvriers, des artisans, qui sont au coeur de ce chantier ? Encore faut-il assurer ! Entrer dans cet univers, franchir les obstacles. S’en imprégner, réussir à parler technique.

Cela suppose d’être précis, d’utiliser un peu de vocabulaire technique… mais raisonnablement tout de même pour ne pas faire fuir ceux qui y sont rétifs. Auparavant, il avait fallu déranger des artisans au cours de leur travail, se faire accepter d’eux, reporter des conversations vers des moments plus propices comme les pauses et les fins de journée, ou repousser des rendez-vous au lendemain.

L’angle point de vue est un grand classique du journalisme. Je me souviens d’un reportage télé sur le festival de Cannes du point de vue des enfants, pas très convaincant au niveau de la pertinence, mais riche en anecdotes : pourquoi les gens grimpent aux arbres ? On voit rien avec tous ces grands devant nous. Etc.

L’angle oriente les questions qui seront abordées en interview. Or ici, on constate vite que le point de vue  ouvriers/artisans ne suffit pas à orienter l’interview de ces derniers. L’angle est donc complété par une question sur les “spécificités” (encore un grand classique) d’un chantier qui 1) est un chantier d’art, et 2) est mené en présence du public. C’est bien ce qui fait tout l’intérêt de ce reportage.

Ajoutons qu’il a aussi fallu retravailler sur les paragraphes, qui tendaient à être parasités par des informations sans lien avec l’idée principale. Ainsi, le 1er paragraphe a dû renoncer à comparer le mouvement des Nantais arpentant les escaliers à une fourmilière. Dès lors, l’attaque du reportage peut se concentrer sur une description dont l’idée principale est simplement que le lieu est devenu méconnaissable. Une idée sur laquelle il est ensuite facile d’embrayer pour contextualiser les travaux.

Pour terminer, attirons l’attention sur les photos. Elles ne sont pas seulement belles, elles sont informatives, par exemple en montrant “un accès très encombré”, ou les visages des artisans qui sont mentionnés dans le texte. Certaines sont suffisamment grandes pour jouer pleinement ce rôle, mais aussi pour dynamiser la mise en page.

 

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