Théo Brachet, Farah Ouertani, L’Absurde Séance : intervenir pour mieux se divertir, une nouvelle manière de vivre le cinéma, mai 2014
L’Absurde Séance – intervenir pour mieux se divertir
C’est bien écrit, non ? Ils m’épatent… Quelle maîtrise dans le choix des mots ! Dans ce reportage aussi, le lecteur peut se laisser glisser au fil des pages. L’alternance des éléments de récit, des citations et des parties plus analytiques fonctionne parfaitement. Même le nombre des personnages nommés, 5 ou 6, semble calculé pour s’adapter aux « capacités mémorielles » du lecteur.
Certaines idées, notamment vers la fin, sont bien affirmées : « les spectateurs sont devenus les acteurs de leur propre divertissement » ; « c’est une fête ! » ; la « prise de pouvoir par les spectateurs » ; « l’Absurde Séance permet aux spectateurs de vivre le cinéma et non de subir un film comme pendant une séance classique » ; « Le cinéma est un art populaire qui se doit de réunir les gens. » Ce sont des sortes de balises qui aident le lecteur à s’orienter.
Mais une immense qualité (je pèse aussi mes mots !) de ce reportage est liée à son effort pour nuancer le propos : expérience différente de Paul et de Thomas, préférant l’un l’ambiance des séances et l’autre la rareté et l’originalité des films ; adhésion ou non aux films extrêmes ; différences de styles à l’intérieur du public. Bravo !
Cette aisance dans le traitement du sujet vient aussi de la clarté de l’angle. Un jour, pour m’en assurer, j’avais demandé à Théo de m’expliquer en détails quel plaisir lui procurait cette Absurde Séance, quel lien se nouait entre les participants, en quoi le spectacle était dans la salle plus que sur l’écran. Il l’a fait, et à un moment, je me suis dit : il va me parler de foot. Effectivement. C’est l’ambiance du stade qui se rapproche le plus de celle de ces séances de cinéma.