Il y a trois semaines, je vous ai promis de vous donner mon avis sur le MOOC de Futurelearn « Introduction to Journalism », réalisé par des universitaires écossais de Glasgow. J’en attendais beaucoup et je l’ai suivi attentivement. C’est un beau travail d’organisation, avec des vidéos, des interviews nombreuses de professionnels, des exercices, des discussions qui mobilisent chacune 4 à 500 personnes, des textes, des références, etc. Mais…
Mais ce MOOC a une approche terriblement « scolaire ». Quel dommage ! En gros, la première semaine traite de la structure d’une information autour des 5 W, reprenant les pires poncifs de la newsworthiness, la hiérarchie de l’information. Une fois passés les critères d’actualité et de proximité, on va s’appuyer sur la présence de célébrités ou d’animaux pour justifier la valeur informative de telle ou telle « histoire ». La notion d’histoire, justement, et celle d' »angle », très présente, ne sont jamais interrogées. Le même vocabulaire et les mêmes notions sont partagées par les universitaires qui proposent des cours horriblement classiques en se raccrochant sans arrêt à leurs notes, leurs invités, et même la majorité des élèves intervenant sur les forums.
La deuxième semaine est consacrée à l' »écriture » des informations, sujet passionnant s’il en est. Résultat : pyramide inversée et… pyramide inversée. Quant à la troisième semaine, elle aborde les « features », enfin ! les reportages !!! Mais cela sur un ton encore plus didactique : mes collègues et leurs invités nous servent… de la bouillie. Dans un pays où les premiers reportages sur la guerre de Crimée, un siècle avant le Watergate, ont fait chuter le gouvernement ! Un pays où les reportages de la BBC et de quelques « quality papers » font référence. Mais un pays où, pour certains, le principe du « man bites dog » semble être resté l’alpha et l’oméga intangible de la pertinence des informations.
Autant en journalisme que dans la communication en général, il y a une sorte de « curse », de malédiction. Cette semaine, un collègue me confiait qu’il donnait au début de son cours une présentation générale des théories de la communication, notamment… Marshall McLuhan. Il y a 30 ans déjà, ce genre de remarques me scandalisait. Il est vrai qu’en marketing, la pyramide de Maslow fait toujours de vieux os comme si la société américaine n’avait pas quelque peu changé en 60 ans. Pourquoi est-il aussi difficile de mettre à jour le cadre théorique de nos études ? Quelle est la part de la paresse intellectuelle, du conformisme, et quelle est celle, sans doute, d’une authentique difficulté à renouveler le paradigme des SIC (sciences de l’information et de la communication), en France comme chez nos voisins ? Je ne peux m’empêcher de penser que ma génération (autant d’ailleurs que la précédente et la suivante) a failli à cet égard.
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