Transformer les contraintes en atouts

« Danse et handicap en harmonie : un pari réussi ! », par Maud Egazé, Mélanie Godet et Marie Roche Reportage ARAMIS

S’il fallait démontrer que le reportage est une façon de tirer le meilleur d’un sujet, accessible à beaucoup avec un peu de travail, de talent et un encadrement pédagogique attentif, celui-ci, réalisé par trois étudiantes en L3 LEA de l’université de Nantes, en serait un parfait exemple. Il présente une école de danse qui permet aux personnes atteintes d’un handicap physique ou mental de danser malgré les contraintes, ou mieux, en transformant ces contraintes en atouts. Un fauteuil, une canne, un bras non valide, sont la base de nouvelles figures porteuses d’émotion et de grâce.

Un reportage est d’abord concret. Il décrit, il raconte, il montre, permet au lecteur d’imaginer des lieux, des scènes, des personnages. Ensuite, il « contextualise », comme disent les rédacteurs en chef de télé ou de presse écrite. Tel individu est présenté à travers son histoire, son environnement, les ressorts qui l’animent. Une action, une initiative, sont remises en perspective. Enfin, il donne du sens : il questionne, il approfondit, il va jusqu’au bout des ressources que lui révèle le choix d’un angle pour aborder son sujet.

Le reportage est écrit simplement. Je lutte toujours contre la tentation d’adopter un style trop littéraire ou trop universitaire, qui voudrait faire la démonstration que « je sais écrire ». Un reportage doit être lisible par une personne qui n’a pas son bac. D’ailleurs, tout au long, contrairement à un dossier ou un mémoire, il garde le souci de son lecteur. Il l’aura hameçonné dès l’« attaque », puis de relances en effets de rythme, il s’efforcera de lui « parler », de conserver son intérêt comme un trésor.

Le reportage est fluide. Loin des plans en deux ou trois parties, il enchaîne les paragraphes en suivant un va et vient entre concret et abstrait, spécifique et général, un peu comme le rythme des vagues sur une plage ou les mouvements d’un accordéon. Il respire.

Faire réaliser des reportages par des étudiants, c’est leur proposer des contraintes dont ils feront un atout, comme les danseurs en situation de handicap de l’école Aramis. Rédiger un chapeau, une attaque, une chute, présenter en colonnes, illustrer, légender les photos… Et soudain, pas toujours, mais souvent en fin de compte, la magie opère. Les mots s’agencent pour atteindre une forme de grâce. « C’est signe que vous pouvez signer », disait Jacques Prévert !

 

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