Le futur à reculons (ou l’avenir muséifié)

Zhenlong Shi, Maeva Joly, Elena Yuhtina, “Fermeture du musée de la communication à Saint-Barthélémy d’Anjou : la fin d’un symbole ?“, juin 2016, (Le musée)

Le musée de la communication de St-Barthélémy, près d’Angers, a fermé ses portes le 31 décembre 2015. Pas facile de parler de quelque chose qui n’existe plus, ni de parler d’un échec, dans un reportage dont le but n’est pas seulement d’intéresser, mais de passionner ses lecteurs. Alors, lisez, et vous verrez que vous ne lâcherez pas cette lecture avant la dernière page !

La principale source d’informations est – enfin, était… – le directeur de ce musée, passionné depuis l’enfance par les objets du futur, et qui vit durement son échec à faire vivre le musée dont il a pris la direction en 2013 après avoir été pendant 10 ans l’assistant de son fondateur. Ce musée est pour lui désormais un regret, une nostalgie.

La communication, les technologies de l’avenir, une nostalgie ?? Eh bien oui, justement. Et c’est ce qui fait tout l’intérêt de ce reportage hors du commun. Le futur est ici un futur antérieur. L’une des plus belles pièces était un téléviseur mécanique des années 1930. Les premières radios, les téléphones au parfum d’antan, des projecteurs revenus de l’époque des cinémas de quartier et itinérants : oui, tout ici avait un goût délicieusement désuet, la science-fiction avait la saveur surannée des romans de Jules Verne. D’ailleurs, on en ferait bien un roman, de ce reportage.

Il a fallu le regard aiguisé et distancié de ces étudiants (Zhenlong vient de Hong-Kong, Elena est russe, et Maeva a été… indispensable !), et leurs questions patientes, mais insistantes, pour arriver à décrire, raconter, analyser cet univers, qui, à des années-lumières du Futuroscope ou de la Cité de la Science, transforme l’or en plomb, vitrifie la vie et la passion, s’abîme dans l’entropie, et nous rappelle finalement que la jeunesse ne dure qu’une saison, et que tout ce qui nous agite aujourd’hui ne sera plus bientôt qu’ombres, pages jaunies, sable qui coule entre les doigts, ou encore fantôme errant dans les couloirs d’un musée.

 

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