Une sociologie des zombies
Voici un excellent article paru aujourd’hui sur le blog de Nicolas Roméas sur Mediapart : Yanis et les zombies. Nicolas Roméac est le directeur de la revue Cassandre.
L’utilisation de la catégorie « zombie » pour analyser des comportements sociaux n’est ni une plaisanterie, ni une forme de paresse intellectuelle pour s’éviter de recourir à des concepts plus élaborés. J’ai déjà cité l’ouvrage de Maxime Coulombe, Petite philosophie du zombie, qui en montre toute la richesse. Toujours dans le prolongement, d’ailleurs, des réflexions de Walter Benjamin il y a un siècle sur l’appauvrissement de « l’expérience communicable » (Le narrateur, traduction de Der Erzähler. Betrachtungen zum Werk Nikolai Lesskows), ainsi que de Giorgio Agamben.
J’y ajoute ce texte d’un blogueur iranien, Hossein Derakhshan, qui ne reconnaît plus la Toile après 6 années passées en prison. Sous le poids de Facebook et des autres réseaux sociaux, le nombre de « likes » a remplacé le débat d’idées, et la philosophie du « stream », fondée sur la notion quantitative de popularité, s’est imposée. C’est à mon sens un prolongement intéressant de la réflexion de Nicolas Roméac.
Toutefois, même si le côté publicitaire de Facebook et autres est insupportable et générateur d’effets de conformisme et de passivité, je crois qu’il faut se méfier des jugements trop généralisateurs. J’ai toujours dans ma bibliothèque un livre sur La pensée powerpoint, sous-titré « Enquête sur ce logiciel qui rend stupide » (Franck Frommer, La Découverte, 2010). J’ai réalisé des dizaines de powerpoints cette année et je me suis convaincu qu’on peut très bien contourner les travers de l’organisation hiérarchisée de ce logiciel et de l’obligation qu’il impose de synthétiser à l’extrême.
En ce qui concerne Facebook, je suis justement en train de démarrer une page qui complètera mon cours de licence 3 LEA à la rentrée prochaine !