L’information non événementielle, de long terme, chiffrée, a aussi du bon : hier soir, France 2 nous expliquait que les entreprises françaises sont celles qui reversent la part la plus importante de leurs bénéfices à leurs actionnaires : https://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/cac-40-toujours-plus-de-dividendes-pour-les-actionnaires_2752499.html
» CAC 40 : toujours plus de dividendes pour les actionnaires
D’après une étude de la fondation Oxfam, les entreprises du CAC 40 font le choix depuis neuf ans de verser de gros dividendes. Elles distribuent en moyenne les deux tiers de leurs bénéfices à leurs actionnaires, n’en réservant que 5% à leurs salariés. Le reste va aux investissements.
Les sociétés du CAC 40 sont de plus en plus généreuses avec leurs actionnaires. L’ONG Oxfam s’est penchée sur la façon dont les grandes entreprises utilisent leurs bénéfices. Plus des deux tiers sont reversés aux actionnaires sous forme de dividendes : 67,4%. Un gros quart est consacré aux investissements : 27,3%. Les salariés, eux, touchent en moyenne 5,3%, via la participation et l’intéressement.
Un déséquilibre qui n’est pas sans risque
D’après Oxfam, si les grandes entreprises françaises distribuent près de 68% de leurs bénéfices sous forme de dividendes, la moyenne en Europe n’est que de 55%. Les sociétés françaises font de plus en plus d’efforts pour attirer les investisseurs. Un déséquilibre en faveur des actionnaires qui n’est pas sans risque. Il ne faut peut-être mieux pas sacrifier une entreprise à une volonté de rémunération immédiate. »
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Intéressant, non ? Cependant, il manque encore une catégorie, celle qui fait grandir le gâteau lui-même que se partagent actionnaires, investissements et salariés afin que les parts soient plus grandes. J’ai parlé, bien sûr, des clients.
Un exemple : Bouygues Télécom. J’en suis client, à mon corps défendant. J’ai d’ailleurs attendu 5 mois pour que ma ligne soit installée alors qu’on m’avait promis 2 semaines. Et sur ma facture, qu’est-ce que je vois ? 66 euros représentant les appels de mon fixe vers les mobiles le mois dernier. Vous ne saviez pas que ces appels sont facturés ? Moi non plus ! Et ils sont facturés très cher, autour de 30 cts la minute d’appel. Je téléphone, obtiens une téléconseillère en parvenant à éviter d’être soumis trop longtemps à la pub. « Je » pensais que vous étiez au courant. « Je m’en excuse auprès de vous de la part de la société Bouygues. C’est parce que vous avez souscrit à l’offre XYX. » Elles sont de mieux en mieux formées, ces gérantes des mécontentements. La com suit le marketing : c’est vrai que l’idée était géniale. Qui a pu la trouver ? Un stagiaire LEA peut-être, qui sait ? On appelle tout le temps des portables. On s’est laissé bercé ces dernières années par le sentiment de leur gratuité. Paf ! Vous les faites payer et cher. C’est ultralégal. Puis vous proposez l’option à 6 euros d’appel illimité vers les mobiles, mais entre temps vous encaissez. Cela fait donc 45 euros pour les actionnaires, et 3 pour les salariés… Mais il faut bien les prendre quelque part. Visez donc la poche d’un retraité ! Ou d’un étudiant… Bravo le marketing !
Ah, vous êtes étudiant en marketing ?!?
C’était une conclu pas trop mal, non ? Mais je peux vous en proposer une autre, moins drôle : un gamin vole 66 euros dans ma poche. Belle somme ! S’il se fait prendre, il va payer cher… Bouygues, eux, ils ont à la fois le marketing et des juristes ! Et les vaches seront bien gardées. Euh, pardon ! Je voulais dire les actionnaires, enfin, les dividendes, mais c’était un peu abstrait.
« There is something rotten in the state of Denmark. » (Il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark.) (Hamlet, Shakespeare)
Il est assez effrayant que les gens ne prennent même pas conscience de ce que signifient ces proportions astronomiques de rémunération des actionnaires.
Et effectivement, la gestion des mécontents constitue l’autre face du même problème.
Maintenant, comment faire changer cela?