Les choix littéraires de l’atelier Expression et Médias

En cette fin d’année, les étudiants de l’atelier Expression et Médias vous livrent leurs choix littéraires de l’année. Une sélection diverse et variée à (re)découvrir !

Promise, Ally Condie, 2011

La Société. Dans la société, les Officiels décident.
Qui vous aimez. Où vous travaillez. Quand vous mourez.
La Société. Celle dans laquelle vit Cassia, 17 ans. Articulée par les Officiels, elle dicte tout : repas, divertissements, métier, mariage, mort. Le jour de son banquet de couplage, Cassia apprend qu’elle est promise à Xander, son meilleur ami d’enfance. Mais lorsqu’elle consulte le fichier numérique consacré à ce dernier, le visage d’un certain Ky apparaît. Une erreur selon un Officiel car Ky n’est autre qu’une « aberration », classé trop bas dans l’échelle de la société pour être promis à quelqu’un. Mais Cassia est envahi d’un doute qui l’empêche d’oublier ce visage : serait-ce vraiment une erreur ? En apprenant à le connaître, elle tombe amoureuse de ce garçon sensible, qui lui apprend l’écriture et la poésie. Peu à peu, ces jeunes découvrent les limites de la Société. Cette image parfaite s’effrite, le doute s’installe et la tension monte lorsque Ky est envoyé combattre les Ennemis de la Société. Cassia décide alors de se rebeller…

Malgré le jeune public visé par Allyson Condie, son ouvrage peut s’adresser même aux plus grands. Écrivaine américaine, elle enseigne l’anglais dans des lycées de l’Utah. Promise est le premier tome d’une trilogie. Attachée à la puissance et au pouvoir des mots, elle fonde une association organisant des camps d’écriture pour les jeunes. Son ouvrage romancé fait observer une morale plus profonde. Ce monde futuriste dépeint par Ally Condie présente une jeune fille sage qui, à travers une relation, va découvrir les limites de cet État qui l’emprisonne. On passe d’un monde fade et contrôlé à un univers teinté de découvertes.
Ce roman n’est donc pas sans rappeler la Société d’aujourd’hui, celle qui tente de contrôler les mentalités par internet et qui tourne à son profit l’usage des médias, en nous donnant l’impression d’être libre. Cassia prend des risques pour apprendre l’écriture que la Société s’est efforcée d’effacer, montrant encore une fois le pouvoir des mots, le pouvoir des livres, beaucoup plus impactant que celui de la guerre. Ce livre revendicatif, impactant, puissant nous amène à réfléchir sur l’état actuel du monde dans lequel on vit. Monde de dérives, monde d’emprise, mais aussi monde combatif.

 

Le cri de la mouette, Emmanuelle Laborit, 1994

Emmanuelle Laborit reçut le Molière de la révélation théâtrale en 1993, pour son rôle dans Les enfants du silence. Elle est comédienne et écrivain. Sourde de naissance, elle lutte pour le droit à une éducation bilingue français-langue des signes, une langue qu’elle a pu découvrir à 7 ans et qui lui a permis de s’ouvrir au monde qui l’entourait. C’est là tout l’intérêt de l’ouvrage « le cri de la mouette » où Emmanuelle Laborit nous raconte en détail son développement personnel en temps qu’enfant puis adolescente et adulte sourde. Touchant par la description assez précise de ce qu’elle a pu ressentir tout au long de ce développement, et des limites qu’elle a pu rencontrer, cet ouvrage montre le combat d’une jeune fille contre la différence et le regard des autres, mais surtout le regard qu’elle a d’elle-
même. Ce roman est une bonne thérapie pour quiconque cherche à se comprendre ou bien seulement pour appréhender l’autre et comment améliorer son quotidien. C’est aussi un bon exemple de dépassement des limites que la société a tendance à donner, et montrer la force de survie de chacun.

 

L’art du bonheur, sa sainteté le dalaï-lama avec Howard Cutler, 2000

Ce livre rend compte de plusieurs dialogues entre Howard Cutler, psychiatre aux États-Unis et le quatorzième dalaï-lama, Tenzin Gyatso. Cela se passe en Inde puis en Arizona, lors de conférences menées par ce dernier avec le point de vue d’un psychiatre occidental. A travers ces échanges se mêlent diverses réflexions autour de la souffrance, la mort, la peur, la colère mais aussi la compassion, la vie, les valeurs, le bonheur. Ces échanges amènent non seulement le lecteur à trouver ses propres réponses mais l’aident aussi à se poser les bonnes questions. Tout au long de l’ouvrage, le psychiatre nous fait part de ses propres réflexions autour de questionnements qui l’habitent et ses interrogations face au dalaï-lama et à ses propos. La narration contée du point de vue du psychiatre nous plonge directement au centre des propos et dans l’intimité des dialogues. Ayant une formation de psychologie, c’est avec d’autant plus enthousiasme que j’ai pu apprécier ce livre et en savourer chaque conseil, chaque thème, chaque page.

Contrairement à ce que l’on peut penser, cet ouvrage, même s’il est étroitement lié au bouddhisme se veut général et davantage philosophique, nul besoin donc, d’être bouddhiste pour le lire. De plus, des exemples concrets sont donnés permettant au lecteur de s’approprier plus facilement les réflexions de l’un ou de l’autre. Il fera un parfait livre de chevet pour quiconque aime à réfléchir sur la vie telle qu’elle est, telle que nous souhaitons la percevoir, et sur l’art de cultiver son propre bonheur tout simplement.

 

1984, George Orwell, 1949

L’actualité est propice à la redécouverte d’un classique indémodable de la littérature mondiale.
Publié en 1949 par le britannique George Orwell, «1984» est une référence parmi les romans d’anticipations. Dans la lignée de «La ferme des animaux» paru en 1945, il nous dote d’un puissant roman, fortement inspiré des régimes totalitaires en place pendant sa rédaction. Le contexte se situe à Londres autour de l’année 1984, dans un monde divisé en trois entités régionales belligérantes. Winston Smith, le personnage principal, travaille pour l’administration de l’Océania, une région sous les ordres de « Big Brother ». Son travail consiste à modifier l’histoire pour quelle puisse rentrer en adéquation avec les idées du parti. Dans un monde où la liberté d’opinion est proscrite et la surveillance systématique, il va dissimuler ses opinions et taire son dégoût grandissant pour le parti. Toutefois, sa rencontre avec Julia va finir par le trahir, il va alors être récupéré puis remodelé dans une bien-pensance partisane en faveur de Big Brother et des élites dominantes.

La plume d’Orwell nous offre un livre percutant, faisant écho aux débats contemporains sur la pensée unique et la surveillance de masse.

Ainsi, la vision imaginée du «Big brother is watching you» interpelle notre lecture, et peut à tout moment prendre pleinement son sens dans notre société actuelle. Un livre originellement destiné à faire réfléchir les américains de 1949, afin de prévenir les dérives totalitaires qui obtient un joli retour de force des ventes aux États Unis, comme semblait indiquer le journal « Le Monde » dans un article datant de janvier 2017. C’est la preuve criante d’un discours sectaire ayant le vent en poupe de l’autre coté de l’atlantique qui divise l’opinion américaine.

 

Petit Pays, Gaël Faye, 2016

Gabriel, dix ans, vit au Burundi, dans un confortable quartier d’expatriés, avec son père français, sa mère rwandaise et sa petite sœur Ana. Il nous décrit son quotidien avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les 400 coups. Un quotidien paisible qui sera pourtant brisé par la séparation de ses parents puis par la guerre civile qui va ravager son « petit » pays.
A travers ce premier roman, Gaël Faye nous dépeint un monde oublié, celui de son enfance parfumé de citronnelle et de bougainvilliers. Avec un style simple, fluide et précis, l’auteur nous crie l’amour de son Burundi, les tourments et les interrogations d’un enfant pris dans une Histoire qui le fait grandir plus vite que prévu. Afin d’être complet sur le sujet, n’hésitez pas à écouter les chansons du même Gaël Faye, notamment « Ma femme » que je dédie à la mienne.

 

Pour tout résoudre cliquez ici, L’aberration du solutionnisme technologique, Evgeny Morozov, 2014

350 pages pour comprendre et analyser le webcentrisme, philosophie dominante des chantres de la nouvelle économie. Evgeny Morozov chercheur informaticien et journaliste biélorusse nous livre ici une critique documentée du solutionnisme technologique. Une réflexion pertinente sur la manière dont les leaders du monde connecté entraînent le monde et sa population vers l’acceptation de la surveillance de masse et du conformisme social, laissant le champs libre au secteur privé pour apporter des solutions technologiques sans jamais s’attaquer aux sources des problèmes de notre société.

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