Le karaté, mais pas que…

Frédéric Guilloux, Lévy Razafindramboa, “Une école de karaté, mais pas que…” reportage karaté yon

C’est un vrai plaisir de voir des étudiants rebondir sur une idée qu’on leur a suggérée, puis se la réapproprier et en faire ce que bon leur semble en suivant leur propre inspiration. Voici un angle, “le karaté, mais pas que”, qui s’est révélé pertinent, original et simple, applicable sans difficulté excessive. Le résultat final est tout à l’honneur de Frédéric et Lévy, qui ont fait un excellent travail d’enquête, de rédaction et d’illustration.

Je vous remets ci-dessous les paragraphes postés fin janvier au sujet de la première conversation que j’ai eue avec eux sur leur thème de reportage.

“Plus tard, je parle avec deux garçons qui veulent faire leur reportage sur un club de karaté. Ils voudraient parler des projets d’avenir de ce club auquel l’un d’eux appartient, de ses perspectives. D’emblée, j’attire leur attention sur la différence entre un reportage et un simple dossier. Un reportage s’intéresse avant tout à la dimension de l’humain. Ce n’est pas le club en lui-même, mais ceux qui en font partie qui peuvent constituer l’objet du reportage. L’idée qui me vient à l’esprit n’est pas très originale : je leur dis qu’il doit y avoir certains membres qui ont 60 ans et d’autres 10 ou 12 ans, et qu’il serait intéressant de voir quel type de relations ils développent entre eux.

Celui qui fait partie du club semble en tous cas bien comprendre ce que je demande. Il m’explique qu’il est passé professeur. Je relève qu’il ne dit pas « prof », mais accentue les trois syllabes du mot « professeur », comme s’il était encore surpris de l’honneur qui lui a été fait. Oui, c’est la dimension humaine qui le motive dans son activité et qui l’intéresse avant tout. Ce rôle de professeur me paraît un bon point d’entrée dans le sujet : quelles qualités faut-il pour l’exercer, comment les acquiert-on, qu’est-ce qu’on transmet aux élèves ?

Affaire à suivre, nous manquons de temps pour poursuivre la conversation. Je conclus en incitant le deuxième étudiant à jouer son rôle de « naïf » extérieur au club pour compléter le premier. Ce n’est que quelques minutes après les avoir quittés que les idées se bousculent dans ma tête !

Il y a un angle qui consisterait à s’intéresser à tout ce qu’on apprend en pratiquant le karaté et qui n’est pas le karaté lui-même. Le respect, la maîtrise de soi, la rigueur, la sobriété, que sais-je encore ? Ce sont des contenus humains et non pas techniques. L’entraînement aux techniques du karaté est nécessaire pour les développer, mais ils vont au-delà. Parmi ces contenus, que je connais mal car je n’ai jamais pratiqué le karaté et très peu d’autres arts martiaux, il y en aurait un autre qui s’impose plus encore : le rapport à la peur. A nouveau ! Acquérir du sang-froid, surmonter la peur, développer une confiance en soi. Comment l’entraînement opère-t-il et la transmission de professeur à élèves se fait-elle ? Quelles formes prend cette victoire sur la peur dans la vie de tous les jours ? Est-on mieux préparé, quand on a pratiqué le karaté, pour aller passer un entretien de recrutement, pour affronter des expériences difficiles, peut-être même pour réussir ses études à la fac ?

L’idée ne mène peut-être nulle part. Je n’ai pas encore pu en discuter avec mes deux étudiants ! Mon but est ici simplement de montrer à quel type de réflexion correspond la recherche, ou plutôt la définition, l’élaboration, d’un angle dans les débuts d’un reportage. Une réflexion faite de créativité, d’une immense curiosité, d’un sens assez méthodique de l’exploration, et peut-être aussi de la mise en place d’un contexte où l’on n’a pas « peur » de se tromper lorsque l’on énonce des idées qui ne reposent parfois que sur une frêle intuition !”

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